La télémédecine est constituée d’un ensemble de nouveaux dispositifs permettant la téléconsultation ou consultation à distance. Quels bénéfices apporte-t-elle lorsqu’on est une personne diabétique ? Quelles sont les attentes des malades ? Fabienne, 32 ans, et Monique, 78 ans, ont accepté d’évoquer avec nous leur expérience de ces nouvelles pratiques médicales. En effet, si ces dernières sont encore marginales aujourd’hui, nos deux Diabèt’Actrices savent qu’elles vont se développer dans les années qui viennent. Et qu’elles pourraient rapidement bouleverser leur quotidien. Elles nous livrent les représentations qu’elles en ont et nous parlent de leurs espoirs et de leurs craintes.

Fini les mois d’attentes !

Fabienne, diabétique de type 1 depuis 10 ans, affirme n’avoir jamais bénéficié de la télémédecine. Mais quand on la questionne plus, elle avoue ne pas être vraiment sûre de savoir définir ce dont il s’agit… Elle en a une représentation assez floue et restrictive : elle imagine que cela concerne essentiellement les consultations par téléphone.

Cette représentation ne l’empêche pas de penser que la télémédecine devrait permettre de répondre à ses attentes actuelles. Face aux délais parfois considérables pour obtenir un rendez-vous chez certains praticiens, elle souhaite pouvoir obtenir plus rapidement des réponses à ses questions : « Même pour nous, patients diabétiques, pour voir un diabétologue, c’est le parcours du combattant ; on est obligé d’attendre des mois ! » Lorsqu’elle a des problèmes de glycémie par exemple, « c’est un peu compliqué » de patienter aussi longtemps pour entendre un avis éclairé. Elle trouve alors particulièrement bénéfique de ne pas être dépendante d’un lointain rendez-vous en présentiel pour en parler, et de pouvoir obtenir immédiatement la réponse à des questions urgentes.

Mon médecin toujours à proximité…

Autre avantage de la télémédecine pour Fabienne, la possibilité de contacter son médecin, par téléphone ou par vidéo, quand elle ne peut pas se déplacer. « Si je suis trop malade pour sortir ou si je suis en vacances à l’étranger et que je dois changer de médicament, je ne sais pas toujours comment faire. Là, la télémédecine, c’est pratique ! » Elle évoque aussi les jours où son emploi du temps professionnel est très chargé : « C’est plus facile pour gérer son emploi du temps et s’organiser. Au lieu d’aller chez le médecin, si c’est possible de le faire par téléphone pour avoir quelques renseignements ou faire un renouvellement d’ordonnance,
oui pourquoi pas ! »

Quand elle imagine le développement de la télémédecine, Fabienne aime cette idée d’un médecin plus facilement mobilisable, à proximité. Mais elle insiste aussi sur le fait que « cela ne peut pas remplacer totalement la consultation physique chez le médecin ».

Une infirmière pour se sentir en confiance

Pour Monique, la perception de ces pratiques innovantes est moins enthousiaste. Diabétique de type 2 depuis une dizaine d’années, elle serait disposée à utiliser la téléconsultation, mais uniquement si une infirmière est présente à domicile pour installer et utiliser le matériel de visiophonie. Cette dernière doit rester pendant la consultation pour ausculter et faire les soins tout en suivant les indications du médecin en ligne, visible à travers l’écran. Pour Monique, il est important qu’une personne soit physiquement là, avec elle : c’est la condition pour qu’elle se sente pleinement en confiance.

Monique a beaucoup de mal à se déplacer et elle doit néanmoins aller voir deux fois par mois le médecin « à cause du Levothyrox ». Alors la téléconsultation, pourquoi pas, en effet… « Mais il faudrait que j’aie internet ! » ajoute-t-elle – et elle estime que s’équiper d’une connexion uniquement pour des téléconsultations, ce n’est peut-être pas nécessaire.

Un médecin différent à chaque téléconsultation ?

Mais la principale crainte de Monique réside dans le fait qu’un médecin différent puisse prendre en charge chaque nouvelle téléconsultation : si tel était réellement le cas, sa confiance serait émoussée. « Lorsqu’on a l’habitude de voir le même médecin depuis 1980, il est difficile de se fier à une nouvelle personne », s’inquiète-t-elle. Et selon elle, la téléconsultation générerait aussi « un manque de contact : on est seul devant une machine, c’est un peu comme si des robots remplaçaient les médecins ».

La confiance n’est donc pas encore toujours au rendez-vous. Si le fossé est peut-être en partie générationnel, il est aussi dû au faible déploiement des solutions de télémédecine et à leur déficit d’image, y compris dans les populations de malades qui pourraient en tirer les plus grands bénéfices. Charge aux acteurs de santé, donc, d’en faire connaître les bénéfices !

Les propos des interviewés n’engagent qu’eux-mêmes.

 

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