La télémédecine se démocratise de plus en plus ces dernières années. Aujourd’hui, 5 actes de télémédecine sont reconnus en France : la téléconsultation, la téléexpertise, la télésurveillance médicale, la téléassistance médicale et la régulation (centres 15). Consultez notre Mémo sur la télémédecine pour bien comprendre tout ce qu’elle propose. La télémédecine représente un enjeu majeur, par exemple pour les maladies chroniques comme le diabète car elle peut :

  • contribuer à améliorer l’accès aux soins,
  • améliorer la qualité de vie en offrant un suivi et une prise en charge sur le lieu de vie du patient,
  • améliorer la coordination entre les professionnels de santé,
  • prévenir les hospitalisations et ré-hospitalisations,
  • diminuer le recours inutile aux urgences et réduire le coût des transports.

Cette étude quantitative a été réalisée en avril 2020 et a pour objectifs d’en savoir plus sur les usages de la télémédecine ainsi que les attentes des personnes diabétiques. 1 820 personnes ont répondu à l’enquête, un grand merci aux participants !

L’étude ne prend pas en compte le contexte de la crise sanitaire de la Covid-19, en revanche, une future étude en fera l’objet.

Qui sont les répondants ?

Parmi les 1 820 participants, il y a un bon partage entre les personnes diabétiques de type 1 et 2, mais cela ne reflète pas la répartition DT1/DT2 dans l’ensemble de la population en France. En revanche, il y a une représentativité satisfaisante sur le plan sociodémographique, en termes d’âge, de sexe et de région.

46%

personnes diabétiques de type 1

54%

personnes diabétiques de type 2

60%

de femmes DT1

44%

de femmes DT2

Un diabète avec ou sans autre maladie chronique

Parmi les répondants, l’hypertension artérielle est la pathologie associée la plus fréquente.

20%

des personnes diabétiques de type 1 souffrent d'hypertension artérielle

46%

des personnes diabétiques de type 2 souffrent d'hypertension artérielle

Equipement en smartphone et dispositifs médicaux 

Les répondants sont plutôt « sur-équipés » par rapport au reste de la population française.

des participants sont équipés d’un smartphone.

de personnes diabétiques de type 1 sont équipées d’un lecteur de mesure du glucose en continu. Tandis que 13% sont équipés d’un dispositif classique de mesure de glycémie capillaire.

de personnes diabétiques de type 2 sont équipées d’un lecteur de mesure du glucose en continu. Tandis que 52% sont équipés d’un dispositif classique de mesure de glycémie capillaire.

Résultats

Eléments de contexte sur l’accès aux soins

L’étude révèle des disparités dans l’accès aux soins, notamment l’accès aux médecins spécialisés. Les difficultés sont moins répandues concernant le suivi du diabète : 18% des répondants rencontrent des difficultés pour obtenir un rendez-vous avec le médecin qui suit leur diabète. Les difficultés sont plus courantes chez les répondants suivis par un diabétologue/endocrinologue. Les réponses permettent d’apprendre que la taille de la commune n’est pas discriminante dans l’accessibilité des rendez-vous médicaux.

Soit près d’une personne diabétique sur 2, éprouve des difficultés pour obtenir un rendez-vous chez un médecin spécialiste.

Recours actuel à la télémédecine

La prise de rendez-vous en ligne et l’accès aux résultats de biologie sont des pratiques relativement répandues : 80% d’utilisateurs pour les résultats par internet et 68% pour les rendez-vous en ligne.

La téléconsultation est connue, mais relativement peu utilisée. Seuls 21% des personnes interrogées ont recours aux téléconsultations avec leur médecin, avec des usagers plutôt jeunes, urbains et diplômés. Environ 1/3 des répondants connaît le principe de la téléconsultation (avec un médecin et/ou via une application mobile) mais pâtit de contraintes d’accès liés au sentiment de ne pas savoir comment faire ou au fait que son médecin n’est pas équipé.

Les pratiques de suivi à distance restent minoritaires. Le télésuivi ou télésurveillance de paramètres liés au diabète ne concerne que 20% des répondants, avec une surreprésentation de personnes diabétiques de type 1 et/ou sous insuline. Notamment parce que ce sont les diabétiques de type 1 qui utilisent le plus les lecteurs de glucose en continu qui transmettent simplement les données aux professionnels de santé. Le programme Etapes (Expérimentations de Télémédecine pour l’Amélioration des Parcours en Santé) est un exemple de télésurveillance, réservé aux patients qui ont un diabète mal équilibré et qui sont sous insuline.

Les répondants sont particulièrement partagés dans leur usage du DMP (Dossier Médical partagé). Les contraintes d’accès, la méconnaissance et dans une moindre mesure le sentiment de ne pas en avoir besoin font que seuls 1/3 des répondants l’utilisent, avec une surreprésentation des personnes diabétiques de type 2, de retraités ou d’actifs de milieu social supérieur.

Les personnes diabétiques de type 2 sont surreprésentés parmi les utilisateurs réguliers de SOPHIA (téléexpertise) et se distinguent également par leur niveau de satisfaction plus élevé que la moyenne vis-à-vis de ce service.

Ont recours assez souvent à la téléconsultation avec leurs médecins.

Avis sur la télémédecine

Les participants sont majoritairement convaincus par les bénéfices en termes d’accès aux soins : délais raccourcis et déplacements évités. Ils craignent toutefois que cela implique moins de relations humaines et moins de temps de parole.  Ils voient la télémédecine comme un outil supplémentaire pertinent dans certaines situations, mais qui ne peut pas se substituer pour tous à la consultation en face à face. Sur la télémédecine en général, les avis sont très partagés.

Estiment que la télémédecine n’est pas adaptée pour gérer une situation médicale urgente. Mais 70% la pensent plutôt adaptée pour par exemple renouveler une ordonnance.

Avis sur les possibles évolutions de la télémédecine

Près des ¾ des répondants ne sont pas d’accord avec l’idée que certains services de télémédecine pourraient devenir payants. Cette position doit être entendue dans le contexte français de remboursement des frais de santé, mais aussi dans le contexte des maladies chroniques telles que le diabète où la maladie fait peser un fardeau non seulement psychologique et social, mais aussi économique pour les malades eux-mêmes.

Les répondants sont plutôt d’accord (à 58% seulement) avec l’idée d’une généralisation de la télémédecine auprès des patients chroniques qui engendrerait un espacement des consultations en face à face.

63% des participants sont d’accord avec l’idée que leurs données médicales soient conservées à des fins de recherche et par suite d’amélioration de la qualité de soins.

Des participants sont réticent à l’idée que leurs données soient utilisées pour la recherche. Et 11% ne se sont pas prononcés.

Les espoirs et les attentes de la télémédecine

89% des répondants s’accordent sur la nécessité d’accompagner les personnes qui pourraient être en difficulté face au numérique. Une future étude se focalisera sur les pratiques après la Covid-19, et comment accompagner les personnes victimes de la fracture numérique. L’étude révèle que 72% des enquêtés pensent que c’est le médecin traitant ou le diabétologue qui doit être pivot dans le cadre du développement de la télémédecine, pour fournir un service à distance.

Que ce soit pour une situation médicale urgente ou le renouvellement d’une ordonnance, environ 90% des enquêtés pensent que le lieu le plus adapté pour faire une téléconsultation est le domicile.

Les répondants reconnaissent majoritairement l’enjeu d’ouvrir des lieux propices à la téléconsultation dans les pharmacies (67%) et dans les mairies (66%). Ceux qui sont sensibles à l’ouverture de ces lieux sont aussi ceux qui se projetaient le plus facilement dans l’usage de la télémédecine : les utilisateurs de smartphones et les moins de 70 ans.

Sont contre l’idée que des entreprises telles que Google, Amazon ou Apple proposent des services de télémédecine.

Conclusion

  • Les répondants ont une posture de prudence visant à préserver la qualité du suivi du diabète dans le cadre du développement de la télémédecine,
  • Le rapport des enquêtés à la télémédecine varie en fonction du profil et du parcours de soins,
  • L’état des lieux dépeint dans cette étude est à actualiser avec avec le prisme de la crise sanitaire.