Qu’on les aime ou pas, prendre soin de ses pieds n’est ni superflu, ni réservé aux femmes… C’est une activité qui prend du temps, et un temps qui mérite d’être pris chaque jour pour ne pas risquer des complications médicales quand on a un diabète.

Il arrive que les personnes diabétiques perdent un peu, parfois totalement, une sensibilité au niveau du pied. Elles ne ressentent plus physiquement de douleur si elles se cognent, ou se blessent. C’est seulement en regardant attentivement leur pied qu’elles peuvent faire le constat de l’apparition d’une blessure, d’une plaie.  Mais parfois, la plaie s’est déjà infectée, le risque d’amputation est alors augmenté.

Le Diabète LAB s’est rendu auprès de personnes diabétiques et de leurs proches pour les questionner sur leur vécu et leurs attentes quant à leur prise en charge vis-à-vis du pied diabétique. Voici ici, les principaux résultats de cette étude.

Moi et mes proches, un quotidien chamboulé

La prise en charge d’une plaie au pied passe par une immobilisation presque totale. L’objectif est de ne pas « aggraver » la plaie, par exemple en sollicitant le moins possible les appuis touchés ou en portant un chaussage spécifique

Ce n’est pas sans complexifier le quotidien. Emmener les enfants à l’école, porter les courses, se rendre au travail, c’est tout son quotidien qui se complique ou qu’il n’est plus possible de vivre normalement. Il faut trouver des solutions car on ne peut plus faire comme avant.

Parfois, une plaie peut être source de handicap et la personne s’exclut ou est exclue des événements familiaux à cause de sa difficulté à se déplacer. Trouver un endroit adapté à sa situation peut être ardu. « Avant de partir au bord de la mer, il faut que je m’assure que je puisse trouver un endroit adapté aux handicapés. »

Certains craignent l’arrêt de travail et le fait d’être reclassés ou licenciés ; d’autres craignent que cela rende leur diabète visible alors qu’ils ne l’avaient jamais exposé aux autres.

C’est aussi se sentir plus dépendant de ses proches qui peuvent aider à certaines tâches pendant cette phase d’immobilisation. En retour, l’entourage sollicité peut aussi être affecté et freiné dans ses activités, « quand il a besoin d’aller chez le docteur je suis obligée d’y aller avec lui donc je ne travaille pas. » De façon générale, l’ambiance familiale devient plus tendue et peut susciter un mal-être chez les membres de la famille. « Elle rentrait le soir mais ne savait jamais dans quel état me trouver, si j’étais dépressif ou si j’étais moins réceptif. »

Plus de sensibilisation des patients et des médecins

Les patients font part d’une attente forte concernant la sensibilisation autour de la gravité des plaies. Ils se considèrent eux-mêmes trop peu informés, ou de manière trop brutale, notamment en milieu hospitalier. « J’étais allé à l’hôpital pour faire le point, j’ai vu des gens amputés qui eux ne géraient pas leur diabète. Je me souviens je devais avoir 12 ans un monsieur qui rentre avec une odeur bizarre… On se souvient de ça ! » Un choc qui développe une crainte profonde de l’amputation.

Les médecins aussi pourraient être davantage sensibilisés. Les personnes touchées par un problème de cicatrisation au pied ont le sentiment que c’est un sujet qui n’est pas suffisamment maîtrisé par les pharmaciens, ni par les diabétologues, ni même par les médecins qui orientent vers d’autres spécialités médicales quand le problème apparaît : « Actuellement pour les malheureux diabétiques en France qui ont tant de complications, pas grand-chose est fait pour les pieds. J’ai vu de nombreux diabétologues et je n’ai pas trouvé un seul qui traite sérieusement le risque infectieux du pied. » Ils expliquent que les messages et les règles transmis aux patients sont inadaptés ou difficiles à appliquer au quotidien.

Agir vite, avec des solutions efficaces

Cicatriser le plus rapidement possible est ce qui préoccupe le plus les personnes touchées par une plaie au pied. Une cicatrisation rapide, c’est l’assurance d’éviter l’amputation mais aussi la réduction des problèmes liés à l’immobilité. « J’ai compris pas mal de choses, le soin du pied est très mal fait. Il faut lutter contre l’oedème pour la circulation de la trophicité de la chair des muscles qui sont atteints et que c’est un ensemble avec des soins beaucoup plus attentifs à l’infection. »

Pourtant, aujourd’hui, les aides à la cicatrisation administrées sont jugées par les interrogés comme inefficaces, peu techniques, peu investies. « A un moment, les infirmières devaient juste changer les compresses, rien n’était fait sur les risques d’infection. »

Agir avant l’apparition des plaies

Les différentes complications du pied diabétique peuvent être prévenues et évitées par une surveillance régulière du patient et par les professionnels de santé. Quelques principes à avoir en tête : surveiller quotidiennement et minutieusement l’état de ses pieds, éviter de marcher pieds nus, porter des chaussures confortables, hydrater ses pieds avec de la crème, consulter régulièrement un podologue pour évaluer l’état de ses pieds et réaliser des soins podologiques, etc. Il s’agit de ne pas attendre d’être confronté au problème pour s’occuper de ses pieds, mais d’en prendre soin, un peu chaque jour, avant que les plaies apparaissent ! Et lorsqu’elles apparaissent, de consulter rapidement un spécialiste.

Merci à tous les Diabèt’Acteurs participants de l’étude !

 

 

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