Les personnes âgées diabétiques sont particulièrement fragiles. Mais ces fragilités sont-elles toutes les mêmes ? Nécessitent-elles le même type d’accompagnement ? Et en quoi la télésurveillance médicale est-elle en mesure de répondre de façon adaptée aux différents besoins qui se révèlent ? Les dernières études du Diabète LAB montrent la nécessité de changer le regard sur ces questions liées au grand âge : pratiquer une médecine moins « technique », plus à l’écoute de la personne et de ses particularités.
20% des Français âgés de 75 ans et plus sont aujourd’hui diabétiques. Pour ces malades dont le nombre va croissant, la première cause de fragilité est directement liée au vieillissement : difficultés à se déplacer pour leur suivi, baisse de l’acuité visuelle, accroissement des risques de chute…
Personnes âgées diabétiques : financièrement fragiles
Et ce facteur inéluctable s’aggrave, bien entendu, lorsque la précarité financière s’en mêle. En effet, les restes à charge, dont nous avons traité les conséquences lors d’un récent Mémo, affectent particulièrement les personnes âgées diabétiques. La nécessité d’aller chez des médecins spécialistes augmente sensiblement, souvent dans des domaines où les interventions sont coûteuses – podologie, ophtalmologie, soins bucco-dentaires… Mais les remboursements insuffisants de ces spécialités peuvent conduire les patients âgés à différer une visite et à ne réagir qu’au moment d’une grave complication – ce qui les conduit parfois directement à une hospitalisation…
Des profils dépendants de l’histoire, du contexte, du vécu
Dans ce contexte de fragilisation générale, que démontrent les études conduites par le Diabète LAB, des disparités importantes peuvent toutefois être constatées entre différents profils de personnes âgées diabétiques. Elles dépendent particulièrement de trois facteurs.
- Le lien avec l’histoire de la maladie :
– une personne diabétique depuis 30 ans et qui fête ses 75 ans va devoir adapter son mode de vie, par exemple parce qu’elle ne peut plus pratiquer de la même façon son activité physique, qui pourtant lui permettait de traiter son diabète…
– une personne de 75 ans à qui on vient de diagnostiquer la maladie va devoir adopter un régime alimentaire adapté à son diabète, engageant ainsi un véritable nouvel apprentissage.
- Le contexte social et l’histoire personnelle du patient : ils influencent notablement la façon dont il se représente la maladie, et modifient parfois en profondeur la façon dont elle doit être prise en charge.
- Les accidents de la vie : il s’agit notamment du veuvage, qui induit une très forte rupture dans le quotidien de la personne – en particulier pour la prise en charge de son diabète à travers l’alimentation.
La télésurveillance médicale, une réponse adaptative
La diversité de ces situations et de ces relations avec la maladie impose de faire preuve d’une grande finesse pour accompagner les personnes âgées diabétiques. A chaque profil doit correspondre une réponse centrée sur la personne, et des solutions qui tiennent compte de son vécu. Les soignants comme les aidants se trouvent ainsi dans l’obligation d’adapter leurs réponses à la réalité particulière à laquelle ils sont confrontés.
La télésurveillance médicale constitue théoriquement un outil pertinent pour y parvenir au mieux. Elle permet notamment à un professionnel de santé d’interpréter à distance des données nécessaires au suivi médical du patient diabétique et, le cas échéant, de prendre des décisions relatives à sa prise en charge.
Des services qui s’adaptent au mode de vie
Pour réaliser la promesse évoquée plus haut, la télésurveillance médicale doit toutefois s’accompagner de services (par exemple de télésuivi) prenant en compte l’environnement social quotidien du patient. Il s’agit notamment de s’assurer que les outils mis en œuvre au domicile des patients âgés soient conçus pour s’adapter à leur mode de vie, en tenant compte des interactions entre le dispositif technologique et l’espace (le domicile) dans lequel il est déployé.
Au-delà des personnes âgées diabétiques, c’est à toutes les populations âgées fragiles que doit s’adresser cette approche « adaptative » et respectueuse des spécificités de chacun. Il s’agit d’un enjeu majeur de santé publique. Et cette prise en compte des besoins en termes de soins, mais aussi et surtout du quotidien et de la qualité de vie, ne peut se réaliser que dans des démarches qui associent étroitement les concepteurs de dispositifs médicaux, les soignants, les aidants et les représentants des malades.
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