Qui dit vacances, dit normalement détente, divertissement et mettre de côté les contrariétés du quotidien, surtout avec le diabète. Avec la maladie, ce n’est pas si simple puisqu’avant de partir, il faut s’organiser plus qu’à la normale. Il faut penser à une certaine liste de détails concernant le traitement, le matériel à emporter, une quantité suffisante de médicament, se renseigner sur la destination pour la nourriture locale, etc. Mais ce n’est pas tout ! Car diabète ou pas diabète, personne n’est à l’abri des imprévus de la vie. Et les imprévus, il est difficile de tous les anticiper ou presque. Découvrez les anecdotes de 5 Diabèt’Acteurs qui ont vécu des situations bien différentes.

Quand on vous dit « diabète et vacances », quelle est la première chose qui vous vient à l’esprit ?

Coma glycémique répond Gaëlle ! Elle est en effet sujette à ce genre de complication. La première fois qu’elle en a fait un, elle faisait du camping avec son mari dans le sud de la France. Un matin elle ne s’est pas réveillée. Son mari, voyant bien que quelque chose clochait, a directement appelé les pompiers pour l’emmener aux urgences. Après le réveil de Gaëlle, pour sortir de l’hôpital, une surprise l’attendait : « il était mignon, il avait pris plein de vêtements, plein d’affaires, mais il avait oublié mes chaussures… ». Elle a dû sortir avec les couvre-chaussures en tissu utilisés à l’hôpital, et « c’était le seul jour où il a plu au mois d’août », dit-elle avec humour.

Conserver l’insuline et manger équilibré, pas si simple !

Du côté de Bruno, lors d’un voyage en bateau en Grèce, la glace destinée à conserver l’insuline avait fondu, il avait alors douté de la qualité du produit qui avait probablement pris un coup de chaud. Cet été, Bruno va s’équiper d’une pochette isotherme pour stocker ses stylos d’injection d’insuline pour ne plus revivre la même chose !

Pour Anne-Cécile, son mot d’ordre, c’est « l’organisation vis-à-vis du matériel ». Adepte également de voyages, elle s’était parfaitement préparée au départ, entre les doubles ordonnances et autres démarches médicales, récolter les renseignements sur internet et dans le magazine « Equilibre », elle était fin prête ! « Je n’ai jamais eu de problème en vacances ! », sa préoccupation principale, c’est de conserver l’insuline au mieux.

60 ans et adepte de randonnées de 5 à 6 heures, Bruno ne se sent pas limité. Cela dit, l’alimentation est souvent un obstacle de taille. En voyage, il est parfois compliqué de cuisiner pour manger équilibré. Du coup, les restaurants sont souvent de mise « au début on essaie de faire attention, et puis la tentation devient plus forte de prendre quelque chose en plus, de plus riche, de plus sucré. On rentre du coup dans un cycle où on mange de plus en plus et là, on maîtrise plus du tout la glycémie ». Au retour des vacances, il avait une hémoglobine glyquée élevée, il s’est forcé à être très rigoureux pour rééquilibrer sa glycémie, et cela peut mettre un certain temps, précise-t-il.

Lorsqu’Amélie était allée voir sa famille, elle avait découvert que les doses de sucres peuvent varier du tout au tout selon les régions. C’est en buvant une canette dite « light » qu’Amélie a découvert qu’elle ne l’était en fait pas du tout. Malheureusement, elle s’en est rendu compte après l’avoir bu. Elle explique que son lecteur n’arrivait même pas à calculer sa glycémie tellement elle était haute. Elle s’était alors amusée à tester le liquide du soda directement sur le lecteur.

Créatif, optimiste mais pas insouciant

Lorsqu’on est « en montagne ou dans la nature, c’est une autre histoire ». Bruno part ce printemps en parcours itinérant en Irlande, il a donc fabriqué un petit meuble à l’arrière de sa voiture afin d’y installer un réchaud à gaz. Lui et ses amis achèteront de la nourriture fraîche au fur et à mesure. Il espère ne pas rencontrer d’imprévu par rapport au diabète mais heureusement « pour l’instant, le diabète ne m’a jamais gâché mes vacances ».

Pour Bruno, il « suffit d’avoir le nécessaire dans son sac à dos : du sucre, des barres de céréales, des fruits, sans trimbaler pour autant toute la pharmacie, sinon c’est plus des vacances ». En tout cas, Bruno se dit raisonnable. « Par contre, je ne sais pas si je partirais seul, il faut prendre quelques précautions, qu’il y ait quelqu’un qui puisse vous aider en cas de problème ».

Ce qui a vraiment « libéré » Amélie, c’est quand son diabétologue lui a dit « tu es en vacances, mange ce que tu as envie de manger et tu vérifies 2 heures plus tard, après tu t’adaptes ». Amélie pense qu’il faut vraiment se libérer face à la maladie et ne plus être focalisé dessus tout le temps, « on est en vacances, on n’est pas totalement insouciant mais il faut l’être quand même un peu ».

Pour prendre l’avion, s’armer de patience

Anne-Cécile a tout de même rencontré des situations pour le moins agaçantes. A l’aéroport, les agents de sécurité ont posé des questions au moment du passage des bagages au rayon X. Anne-Cécile les avait prévenus qu’elle était diabétique et donc qu’elle transportait des doses d’insuline. Mais au dernier moment, un agent de la sécurité a redemandé au pilote si Anne-Cécile avait l’autorisation de monter dans l’avion. Heureusement, cette étape ne lui a pas fait perdre trop de temps.

Pour Amélie, « vacances et diabète » lui font penser à « incompatible ». Car pour partir il faut du matériel, il faut se justifier quand on prend l’avion. Elle se dit à chaque fois, « Est-ce que mes aiguilles vont poser un problème ? ». C’est pourquoi pour elle, partir en vacances, ce n’est plus comme avant,  « fini l’insouciance ; en plus avec le contexte géopolitique, on va se demander ce que je trimbale… Pour moi, être un jeune diabétique aujourd’hui, dans cet environnement tendu, c’est beaucoup plus dur qu’avant ».

Banaliser le diabète en étant plus pédagogue avec les autres

Pour Chrystèle, ce n’est pas le diabète qui doit contrôler notre vie mais à nous de le contrôler. « Il faut être en sécurité mais pas esclave du diabète ».

C’est lors du passage à la douane dans un aéroport que Chrystèle a vécu un moment assez désagréable. Même problème qu’Anne-Cécile : alors que ses bagages passent au rayon X, une des agentes de la sécurité s’exclame haut et fort « Oh mon dieu, elle a du liquide et des aiguilles ! ». Chrystèle poursuit ainsi son histoire : « un supérieur est arrivé. Il a dit à l’agent : écoutez, vous venez de faire honte à quelqu’un qui est porteur de maladie grave. Elle a les justificatifs, l’ordonnance, que pouvons-nous lui demander de plus ? C’est là que je me suis dit : pour que cette maladie se banalise, il faut que nous diabétiques, nous acceptions d’en parler ».

A l’inverse, quand elle atterrit, le douanier lui dit : « Merci madame, vous pouvez passer ». C’est là que Chrystèle tombe des nues, elle se rappelle lui dire « j’ai de l’insuline sur moi ! Vous ne me contrôlez pas ? », raconte-t-elle en riant. Avec cette expérience, elle se dit qu’il faut « faire preuve de bienveillance envers ceux qui nous entourent, et puis c’est aussi à nous, diabétiques, d’éduquer les autres, car eux, ils ne connaissent pas la maladie ».

La diversité des expériences montre bien qu’il n’y a pas de solution miracle pour passer d’agréables et reposantes vacances, diabète ou pas diabète. Un zeste d’organisation, de prudence et de philosophie suffisent largement !

Les propos des interviewés n’engagent qu’eux.
Article publié à l’origine en 2017 sur le site du Diabète LAB.

Le mémo du Diabète LAB sur les vacances :

memo diabete en vacances