Y’a-t-il eu de réelles différences dans la manière de s’alimenter, avant et après le moment du diagnostic ? Les changements d’habitudes alimentaires ont-ils nécessité un temps d’adaptation concernant l’alimentation ? C’est le thème dont Stéphanie, 49 ans, et Angelo, 59 ans, ont généreusement accepté de parler dans cet article. Stéphanie est assistante commerciale dans une maison d’édition, et diabétique de type 1. Angelo est ingénieur et diabétique de type 2.

Avant le diagnostic

Avant 2013, année du diagnostic de son diabète, Angelo faisait un peu attention à son alimentation. Il essayait de réduire sa consommation globale de sucre, il arrêtait d’en mettre dans le café ou le thé, et également réduire sa consommation d’alcool. « Je n’aime pas trop le sucré de toute manière ». « Par exemple, jusqu’à l’âge de 40 ans, je ne mangeais pas le matin, et il pouvait m’arriver de sauter le déjeuner. Depuis, je prends un petit-déjeuner copieux, 1/3 de baguette, un peu de beurre, un peu de fromage puis thé ou café. Au déjeuner, je prends parfois une entrée puis pour le plat, légumes, féculent et viande ou poisson avec une salade verte, un fruit… Et le soir c’est soupe, une salade, viande, poisson, légumes et féculent, un peu de tarte ! ». Pour Angelo, l’alimentation n’a jamais été une « préoccupation ».

Une situation assez similaire pour Stéphanie : « Je mangeais tout à fait normalement ». Selon elle, à la maison « on ne se privait de rien du tout, on mangeait assez équilibré et de tout, même si ce n’était pas parfait ». Par exemple, il pouvait lui arriver de manger des pizzas, « mais pas tous les jours ! ».

Après le diagnostic

Peu de temps après le diagnostic, Angelo a trouvé une diabétologue. Celle-ci lui a expliqué comment gérer et prendre son traitement par insuline. Elle a demandé à Angelo comment il se nourrissait, et n’a pas eu besoin de lui donner beaucoup de conseils car elle estimait qu’il s’alimentait de manière assez équilibrée. Seulement quelques recommandations comme réduire sa consommation de pain et d’alcool. Autrement, Angelo estime qu’ils n’ont « jamais vraiment parlé de nourriture ».

Ce n’est qu’en 2015, dans le cadre d’une opération qui a nécessité l’ablation de sa thyroïde, qu’Angelo a davantage reçu de conseils touchants à la diététique de la part de sa diabétologue et son médecin traitant. « Ses proches et les professionnels de santé lui avaient dit : fais ça, fais pas ça, prends du jambon non gras, évite le saucisson, fais attention à l’alcool et puis c’est tout… ». Ensuite sur « les précieux » conseils de sa diabétologue, il effectue chaque année depuis 2 ans des séjours de 3 semaines d’éducation thérapeutique dans un centre de diabétologie. Au programme une complémentarité entre diverses activités sportives, des ateliers diététiques ainsi qu’un accompagnement sur des aspects de la maladie, autant physiologique que psychologique. Il s’est aperçu que les repas servis, tout en étant équilibrés, étaient davantage copieux : « ils mangeaient plus que ce que je mange. Je n’ai jamais mis autant de riz dans mon assiette ! ».

Lorsque Stéphanie a été hospitalisée, une semaine après la découverte du diabète, elle a suivi une formation avec des diététiciennes. Elle avait 25 ans. Elle se souvient qu’elle avait eu une balance spéciale pour compter la quantité de glucides dans les aliments.

Les diététiciennes ont été très présentes selon elle, « c’était hyper intéressant, cette formation date de 20 ans et m’a beaucoup marquée ». Stéphanie raconte qu’à l’hôpital il y avait tous les outils pour calculer la quantité de glucides dans les aliments : il y a des faux fruits, des faux légumes, des faux croissants, etc. « Un peu comme quand on est petit. Visuellement ça aide à se souvenir. Grâce à ces exercices, je me rends très bien compte pour les quantités. Après, les calculs à proprement parler je ne les fais pas. Ce sont plutôt des calculs visuels ». Stéphanie explique que si elle prend un plat de pâtes au restaurant elle est « hors normes », elle sait tout de suite qu’il faudrait qu’elle s’arrête de manger au quart de l’assiette. Et donc, Stéphanie a vite abandonné la balance spéciale, « pourtant je sais que c’est très important de compter ».

Récemment lors d’une consultation chez sa diabétologue, Stéphanie s’est dit qu’il y a parfois un dialogue de sourds. « Le médecin parle en langage chiffré, pour les unités d’insuline qu’on prend, les taux de glycémie, etc. Ça nous guide évidemment et les diabétologues sont très importants pour nous. Mais ce qui compte plus que les chiffres, c’est que nous sommes notre propre et meilleur repère ».

« C’est qu’à l’hôpital c’est toujours parfait. On arrive toujours à bien calculer les glucides. On s’ennuie un peu donc dès qu’on a une formation on est à fond, surtout qu’on est dans un lit la majorité du temps, on ne fait rien. Il n’y a pas de source de stress ». Mais dans la réalité et la vie de tous les jours… Ce n’est pas si simple, précise-t-elle.

En particulier dans la vie quotidienne et quand on travaille, explique Stéphanie. « A mon travail, j’ai une cantine bio qui est très bien. Le midi je prends ma glycémie et je descends à ma cantine. Mais je ne sais pas si je vais manger des crudités, du riz, des pâtes, etc. C’est souvent ça que les professionnels de santé ne comprennent pas parfois ».

Stéphanie estime qu’il n’est pas toujours simple d’adapter les doses d’insuline à ce qu’on mange.  « Et puis il y a le stress, le boulot donc ce n’est pas facile de tout faire parfaitement tout le temps ». Stéphanie fait partie de plusieurs forums dont le compte Facebook de la Fédération Française des Diabétiques et est adhérente d’autres associations de patients diabétiques. « Le fait de lire les témoignages d’autres personnes diabétiques aide beaucoup, de voir comment ils gèrent leur alimentation, cela permet d’être beaucoup plus proche de la réalité ».

Actuellement, quelle alimentation ?

Aujourd’hui, après les repas en famille, Angelo boit de temps en temps un peu de vin ou de la bière. Il ne met plus du tout de sucre dans son thé, ni son café. Depuis 6 mois, il recommence à manger quelques desserts, mais seulement parfois. Aussi, « quand j’avais arrêté de fumer il y a plus de vingt ans, j’avais remplacé les cigarettes par le chocolat ». Même s’il en déguste en quantité raisonnable, il en mange plus qu’avant. Par exemple quand il vit des moments provoquant du stress. D’ailleurs « moi le seul problème avec le diabète c’est le stress… Je bois un thé avant de me coucher avec un carré de chocolat ». C’est, selon lui, le stress qui est un facteur de déséquilibre de son diabète.

Pendant l’été si « j’ai envie de manger une gaufre avec du Nutella et de la chantilly, je le fais, bon après je prends du poids ! ». Stéphanie est très consciente que cela va entraîner des répercussions sur le repas du soir. Elle rééquilibre dans ce cas son repas en prenant en compte la gaufre du goûter. « C’est sûr, la glycémie monte et parfois c’est dur à rééquilibrer. Mais on a le droit à un petit plaisir de la vie. Après il ne faut pas le faire tous les jours bien évidemment ! Je ne suis pas l’exemple parfait… Je fais attention à mon alimentation mais je veux vivre comme tout le monde ! ».

Les témoignages de Stéphanie et Angelo nous montrent bien que leur diabète ne les empêche pas de se faire plaisir, mais avec modération. C’est d’ailleurs ce que tout le monde devrait faire, avec ou sans diabète !

Nous remercions Stéphanie et Angelo pour le temps qu’ils nous ont accordé !

 

 

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