Le diabète peut être à l’origine de nombreuses complications médicales touchant le corps, comme avec les reins, les yeux ou encore les pieds, mais il est essentiel de prendre en considération un autre aspect : la santé mentale des personnes. En dehors de la priorisation en 2025 de la santé mentale en politique, il est tout d’abord nécessaire de savoir de quoi on parle, notamment dans le cadre du diabète. L’objectif de cet article dans le magazine du Diabète LAB est de vous présenter quelques troubles qui peuvent être induits par le diabète et les signes qui peuvent alerter.

Pourquoi parle-t-on autant des troubles psychopathologiques et du diabète ?

Regardons ce schéma ensemble :

Comme vous pouvez le voir, nous avons une flèche bidirectionnelle entre le diabète et les troubles psychopathologiques. Les facteurs psychologiques peuvent influencer la gestion de la maladie comme l’anxiété. Le diabète peut également entraîner des répercussions psychologiques comme la dépression. Les deux schémas sont possibles et il est important de se dire que les troubles psychopathologiques peuvent être à l’origine d’un dysfonctionnement au niveau de la gestion de la maladie, mais que le diabète peut aussi créer des troubles psychopathologiques dans le fonctionnement psychique du patient.

Le diabète et les troubles psychopathologiques qui vont se développer peuvent entraîner de nombreuses conséquences si elles ne sont pas prises en charge rapidement et avec efficacité.

Présentation des troubles majeurs chez les personnes diabétiques

  • Les troubles dépressifs

Quelle que soit la façon dont elle se manifeste, la dépression peut être difficile à détecter et peut nuire à l’autonomie des patients. Il est important de repérer la dépression et de vérifier les symptômes suivants :

Une humeur dépressive persistante se manifeste par une tristesse ou une irritabilité présente presque tous les jours. Elle s’accompagne souvent d’une perte marquée d’intérêt ou de plaisir pour des activités, même celles qui étaient autrefois appréciées. Cela peut s’accompagner de changements significatifs de poids, que ce soit une perte ou un gain, sans raison apparente, ou de variations de l’appétit. Les troubles du sommeil, tels que l’insomnie ou, à l’inverse, une hypersomnie, sont fréquents. On peut également observer une agitation ou un ralentissement dans les mouvements et la pensée. La fatigue, malgré un sommeil suffisant, est courante, tout comme des sentiments de dévalorisation ou de culpabilité excessive. Ces symptômes s’accompagnent souvent d’une difficulté à se concentrer ou à prendre des décisions. Enfin, des pensées de mort ou des idées suicidaires peuvent survenir, même sans plan précis.

La présence d’un trouble dépressif est visible par des épisodes délimités d’une durée d’au moins 2 semaines, comprenant des changements manifestes dans les affects, les cognitions et les fonctions neurovégétatives, et des rémissions entre les épisodes.

Pour la prise en charge de la dépression lié au diabète, il est important de réorienter les patients vers un médecin en première intention mais aussi et surtout vers un psychothérapeute, comme un psychologue ou un psychiatre. Des outils peuvent être mis en place pour gérer les émotions ainsi qu’une médication lorsque cela se déroule avec un médecin, comme un psychiatre. Les psychologues n’ont pas la possibilité de prescrire des médicaments.

Pourquoi on en parle avec le diabète ?

Les personnes atteintes de diabète ont un risque accru de développer une dépression en comparaison avec la population générale. La gestion continue de la maladie avec le fardeau de la maladie associé, les complications médicales potentielles qui deviennent des préoccupations majeures pour les patients et les changements de style de vie peuvent contribuer à cette condition. Cela peut avoir un impact sur les habitudes alimentaires, l’activité physique, les soins personnels et la prise de décision, qui ont tous une incidence sur la gestion du diabète. Il est essentiel de reconnaître et de traiter à la fois la dépression et le diabète de manière adéquate. Une approche multidisciplinaire impliquant des professionnels de la santé mentale et des spécialistes du diabète est souvent recommandée pour une prise en charge efficace.

  • Les troubles anxieux

La caractéristique essentielle de l’anxiété généralisée est une anxiété et des soucis excessifs (attente avec appréhension) concernant plusieurs événements ou activités. Les troubles anxieux regroupent des troubles qui partagent les caractéristiques d’une peur et d’une anxiété excessives et des perturbations comportementales qui leur sont apparentées. La personne éprouve de la difficulté à contrôler ses préoccupations et à empêcher les pensées inquiétantes d’interférer avec l’attention portée aux tâches en cours.

Pourquoi on en parle avec le diabète ?

Le stress associé à la gestion quotidienne du diabète, y compris la surveillance de la glycémie, le suivi des régimes alimentaires, la prise de médicaments ou d’insuline, la planification des repas et la gestion des complications potentielles, peut contribuer à l’anxiété chez les personnes atteintes de diabète. Le lien entre le diabète et l’anxiété est complexe et multifactoriel.

Pour la prise en charge de l’anxiété chez les personnes diabétiques, une approche multidisciplinaire impliquant des professionnels de la santé mentale et des spécialistes du diabète peut être nécessaire pour fournir une prise en charge efficace.

  • Les troubles des conduites alimentaires (TCA)

Les TCA ne seront pas ici très développés car vous avez juste ici des articles sur le site de la Fédération qui reprennent les définitions génériques et ce qui s’applique aux personnes vivant avec un diabète.

Toutefois, il faut mentionner le fait que les TCA peuvent avoir un impact significatif sur la gestion du diabète. Tout d’abord, une restriction excessive, ce qui peut entraîner des niveaux dangereusement bas de glucose dans le sang (hypoglycémie) chez les personnes atteintes de diabète, notamment de type 1. Cela peut augmenter le risque de complications à court et à long terme. Une instabilité glycémique qui peut être induit par des comportements compensatoires tels que le vomissement auto-induit ou l’utilisation inappropriée d’insuline pour réguler le poids. Ensuite, les TCA sont souvent associés à des problèmes d’estime de soi et d’image corporelle, ce qui peut aggraver le stress et l’anxiété liés au diabète. Les préoccupations concernant le poids et la forme corporelle peuvent interférer avec l’adhésion aux plans de traitement du diabète, y compris le suivi des régimes alimentaires et la prise de médicaments.

Il est crucial pour les personnes atteintes de diabète et de TCA de recevoir un soutien et un traitement appropriés. Une approche multidisciplinaire impliquant des professionnels de la santé mentale, des diététiciens et des spécialistes du diabète est souvent nécessaire pour une prise en charge efficace.

Présence d’autres troubles

Les troubles qui ont été présentés juste au-dessus sont les troubles qu’on retrouve le plus souvent dans la clinique et dans la littérature médicales et psychologiques. Toutefois, nous pouvons en citer d’autres comme la diaboulimie, surtout chez les femmes et adolescentes avec un diabète de type 1 qui est une manipulation de la glycémie en sautant des injections d’insuline ou en prenant moins d’insuline que nécessaire afin de perdre du poids. Le docteur Hanaire en parle dans cet article pour plus de détails. Le diabète et les troubles du sommeil, bien que distincts, sont souvent interconnectés et peuvent s’influencer mutuellement. Il est crucial de reconnaître que ces troubles sont souvent associés à la dépression, à l’anxiété et à des changements cognitifs, nécessitant une prise en charge adaptée. Par ailleurs, le diabète et le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) peuvent parfois se recouper. La gestion quotidienne du diabète, avec ses vérifications fréquentes du taux de glucose, être bien dans la cible avec sa glycémie ou le contrôle strict de l’alimentation, peut ressembler à des comportements obsessifs. Cette anxiété constante autour de la gestion de la maladie peut parfois exacerber ou déclencher des symptômes de TOC chez certaines personnes. Tout comme les troubles du sommeil, la distorsion de l’image corporelle est associée à plusieurs troubles de santé mentale, mais n’est pas un trouble spécifique. Elle se manifeste par une perception altérée de son corps, souvent déformée par rapport à la réalité. Chez certaines personnes diabétiques, des préoccupations excessives liées à leur apparence peuvent apparaître, notamment en raison des changements de poids induits par la maladie, rappelant les conséquences des troubles des conduites alimentaires. Enfin, la détresse diabétique (ou diabetes distress) désigne une détresse émotionnelle spécifique au diabète, liée à la gestion quotidienne exigeante de la maladie, aux peurs liées aux complications, et au sentiment de ne jamais en faire assez. Ce vécu, distinct mais souvent confondu avec la dépression, concerne une large part des personnes vivant avec le diabète, et peut avoir un impact important sur l’adhésion thérapeutique, le bien-être psychologique et la qualité de vie. Un article arrive très prochainement sur le site du Diabète LAB.

Que faire si on se reconnaît dans ces descriptions ?

Il est essentiel de comprendre que chaque personne vit le diabète de manière unique. Votre histoire, votre environnement, vos capacités à faire face aux défis jouent un rôle important dans la manière dont vous gérez la maladie et de ce fait, votre santé mentale. Cela signifie aussi que les difficultés psychologiques liées au diabète peuvent varier d’une personne à l’autre. Pour cette raison, il est important d’avoir des interventions médicales et psychologiques adaptées à vos besoins. Le diabète est une maladie qui peut entraîner une forte pression émotionnelle et physique, car il nécessite une attention constante à votre santé. Vivre avec une maladie chronique est un véritable défi et peut avoir un impact majeur sur votre vie quotidienne. Vous n’êtes pas seul.e et n’hésitez pas à aller consulter un professionnel qui saura vous aiguiller et vous donner des pistes de réflexion, voire un psychiatre si un traitement médicamenteux est nécessaire.

 

Références

AMERICAN PSYCHIATRIC ASSOCIATION. Diagnostic and statistical manual of mental disorders : DSM-5. 5e éd. Washington : APA, 2013.

ARONSON, Benjamin D., SITTNER, Kelley J. et WALLS, Melissa L. The mediating role of diabetes distress and depressive symptoms in type 2 diabetes medication adherence gender differences. Health Education & Behavior [en ligne]. 2020, vol. 47, n° 3, pp. 474‑482. Disponible à l’adresse : https://doi.org/10.1177/1090198119885416

CDC. Diabetes and mental health [en ligne]. 2024. Disponible à l’adresse : https://www.cdc.gov/diabetes/living-with/mental-health.html

CONSOLI, Sylvie-Monique. Qualité de vie, impact émotionnel et fardeau ressenti par les personnes vivant avec un diabète et leurs proches, dans l’étude DAWN2TM. Médecine des Maladies Métaboliques [en ligne]. 2013, vol. 7, suppl. 1, pp. S17‑S24. Disponible à l’adresse : https://doi.org/10.1016/S1957-2557(13)70664-3

DENNICK, Kerry, STURT, Jackie et SPEIGHT, Jane. What is diabetes distress and how can we measure it? A narrative review and conceptual model. Journal of Diabetes and Its Complications [en ligne]. 2017, vol. 31, n° 5, pp. 898‑911. Disponible à l’adresse : https://doi.org/10.1016/j.jdiacomp.2016.12.018

GARRETT, Caroline et DOHERTY, Aoife. Diabetes and mental health. Clinical Medicine [en ligne]. 2014, vol. 14, n° 6, pp. 669‑672. Disponible à l’adresse : https://doi.org/10.7861/clinmedicine.14-6-669

GOUVERNEMENT FRANÇAIS. La santé mentale, grande cause nationale en 2025 [en ligne]. Disponible à l’adresse : https://www.info.gouv.fr/actualite/la-sante-mentale-grande-cause-nationale-en-2025

INTERNATIONAL DIABETES FEDERATION. Le diabète a un impact sur le bien-être mental de 3 personnes sur 4 qui en sont atteintes [en ligne]. 2024. Disponible à l’adresse : https://idf.org/fr/news/diabetes-hidden-burden/

MASSEY, Crystal N., FEIG, Emily H., DUQUE-SERRANO, Laura et al. Well-being interventions for individuals with diabetes : A systematic review. Diabetes Research and Clinical Practice [en ligne]. 2019, vol. 147, pp. 118‑133. Disponible à l’adresse : https://doi.org/10.1016/j.diabres.2018.11.014

RIISE, Hilde K. R., HAUGSTVEDT, Anne, IGLAND, Jannicke et al. Diabetes distress and associated psychosocial factors in type 2 diabetes. A population-based cross-sectional study. The HUNT study, Norway. Diabetology & Metabolic Syndrome [en ligne]. 2025, vol. 17, n° 1, article 62. Disponible à l’adresse : https://doi.org/10.1186/s13098-025-01631-w

ROBINSON, David J., LUTHRA, Manisha et VALLIS, Michael. Diabète et santé mentale. Canadian Journal of Diabetes [en ligne]. 2013, vol. 37, suppl. 1, pp. S459‑S465. Disponible à l’adresse : https://doi.org/10.1016/j.jcjd.2013.07.025

SANTÉ PUBLIQUE FRANCE. Santé mentale des jeunes : des conseils pour prendre soin de sa santé mentale [en ligne]. 2023. Disponible à l’adresse : https://www.santepubliquefrance.fr/determinants-de-sante/sante-mentale/documents/article/sante-mentale-des-jeunes-des-conseils-pour-prendre-soin-de-sa-sante-mentale

WINSTON, Anthony P. Eating disorders and diabetes. Current Diabetes Reports [en ligne]. 2020, vol. 20, n° 8, article 32. Disponible à l’adresse : https://doi.org/10.1007/s11892-020-01320-0