Homéopathie, acupuncture, magnétisme, yoga, hypnose, sophrologie, phytothérapie (plantes)… font partie de ce que l’on nomme « les médecines alternatives et complémentaires ». Des pratiques qui étaient relativement discrètes, mais qui, aujourd’hui, sont au cœur de l’actualité : elles font les gros titres des journaux, divisant généralement l’opinion publique avec d’un côté les sceptiques et de l’autre côté les plus partisans de ces pratiques. Afin d’avoir quelques points de vue, le Diabète LAB est allé à la rencontre de Monique, 68 ans, et Jean-Paul, 67 ans, tous deux diabétiques de type 1. Recueillir leurs points de vue sur ce sujet nous permet d’approcher une partie de leurs perceptions, leurs vécus, sans que cela ne fasse autorité.

Des pratiques découvertes spontanément, au gré du hasard

Monique, diabétique depuis l’âge de 13 ans, explique qu’à l’époque, dans les débuts avec sa maladie, recourir aux médecines alternatives était un moyen pratiqué spontanément afin de pallier les manques en termes de traitements médicamenteux pour gérer son diabète, et équilibrer sa glycémie. Elle explique que « étant jeune à l’époque, c’était un peu compliqué parce qu’on n’avait pas les moyens qu’on a actuellement pour gérer le diabète. » Elle s’est ainsi tournée vers d’autres méthodes, les testant un peu chacune. Elle raconte : « J’ai vraiment fait un peu du vagabondage. J’ai vu différents guérisseurs. J’ai vu des magnétiseurs, radiesthésistes, fait un peu d’astrologie, j’ai fait des tas de choses… Personne n’a rien pu faire pour moi, je voyais que ça marchait chez les autres et moi rien ne marchait chez moi ». Monique a aussi eu recours à l’acupuncture espérant que le traitement soit efficace et réduise ses besoins en insuline, « j’essayais de voir comment réguler mon diabète sans trop de médicaments. »

C’est une histoire assez proche de celle de Jean-Paul, diabétique depuis l’âge de 15 ans. Il a eu l’occasion, lors d’un long séjour en Chine, de pratiquer l’acupuncture. C’était une époque où il faisait à multiples reprises des hypoglycémies nocturnes, et où il ne trouvait pas de solutions pour les réduire. Cela a, selon lui, contribué à améliorer son état de santé, car « pour moi c’était très lourd, je n’étais pas encore sous pompe, j’étais toujours au stylo. »

Des pratiques qui ne remplacent pas le traitement médicamenteux

Pour Jean-Paul, les médecines alternatives sont « les médecines traditionnelles », par opposition aux médecines classiques. C’est pour lui « comme nos grands-mères qui avaient des recettes pour soigner, et ça marchait bien. » Il regrette que la société actuelle rejette avec autant de force ces médecines traditionnelles pour soigner les petits ou les plus grands maux. Il précise : « on néglige ces méthodes parce qu’il faut avoir recours aux médicaments et parce qu’il faut faire marcher les laboratoires pharmaceutiques. » Monique pense quant à elle que si les médecines alternatives peuvent être bénéfiques pour certaines personnes, le mot « alternative » se veut trompeur, voire dangereux. « Car cela veut dire qu’on laisse la médecine classique de côté, qu’on passe de l’une à l’autre. Moi je suis pour ces médecines mais je n’arrêterai pas mon traitement classique. » Elle ajoute : « Je ne vais pas me passer de l’insuline, ça il m’en faut. »

Monique et Jean-Paul insistent sur le fait que les médecines alternatives qu’ils ont explorées tout au long de leur vie n’ont pu guérir leur diabète. C’est pourquoi ils qualifient ces techniques comme une médecine qui constitue « un supplément de bien-être mais pas pour guérir. » C’est prendre soin de soi, et donc de son diabète affirme Monique.

Des pratiques qui peuvent soulager le stress et par conséquent, le diabète

Pour Jean-Paul, la méditation a eu un important impact sur son état émotionnel, et de fait, sur son diabète. Il explique qu’il « pratique beaucoup la méditation, car moi je suis très sujet au stress et le fait de faire de la méditation me permet de limiter mon stress et donc de limiter mes problèmes glycémiques. »  Selon Jean-Paul, l’acupuncture lui a permis de mieux se connaître. Il précise : « un acupuncteur ne travaille pas pour soigner une maladie, mais c’est un état d’esprit, un état du corps et de l’âme, un assemblage de l’âme et du corps qui fait que l’individu soit en bonne santé. »

Monique a cherché dans le Taï-chi-chuan les outils pour se sentir mieux avec son diabète, et elle ajoute qu’elle « croit plus à la méditation et à la relaxation. » Elle nous confie toutefois une expérience désagréable lors d’un séjour de trois semaines organisé par les précurseurs de « l’instinctothérapie ». Elle raconte : « il y avait des bonnes choses. Ça faisait du bien. Mais ça a été trop loin pour le diabète… j’étais bien obligée de prendre du miel pour les hypoglycémies. J’avais de l’acétone, j’étais déséquilibrée ». Elle n’est pas allée jusqu’au bout de ce séjour car cela avait des conséquences néfastes sur sa santé.

Des pratiques qui n’ont d’efficacité qu’avec une hygiène de vie adaptée au diabète

Jean-Paul est convaincu que l’acupuncture l’a aidé à gérer son diabète. Il insiste toutefois sur l’importance de combiner cette méthode avec son traitement médicamenteux mais aussi avec une hygiène de vie adaptée à son diabète. C’est, comme il le dit, « un tout » qui permet d’améliorer son état de santé. Pour lui, cela a été, pendant son séjour en Chine, « terriblement efficace ! ». Il ajoute : « il n’y a pas seulement l’acupuncture, car j’avais une alimentation beaucoup plus saine qu’en France et en plus n’ayant pas de voiture je marchais beaucoup. » Il continuait aussi à suivre son traitement par insuline. Mais résultat, ce sont toutes ses actions qui lui ont permis, selon lui,  de diminuer le nombre d’injection d’insuline. Il explique que « le fait de pratiquer l’acupuncture, et les autres choses, m’ont permis de diminuer mes doses de médicaments. » De retour en France, les choses ont changé, « car on trouve très peu d’acupuncteurs conventionnés et donc la pratique reste à ma charge et je n’ai pas les moyens de payer 50 euros par séance.»

Jean-Paul et Monique concluent donc que la relaxation (quelle que soit la méthode utilisée pour se relaxer) est essentielle pour se connaître, se détendre et mieux vivre avec son diabète. A méditer !