En France, près de 800 000 personnes diabétiques pratiquent l’auto-injection d’insuline. Nous avons interrogé patients et médecins ! Comment ont-ils appris à réaliser ce geste ? Est-ce si facile à faire ?

 

Apprendre le geste au moment de l’annonce

Les personnes que nous avons rencontrées expliquent qu’elles ont appris le geste d’injection dans un contexte particulier… lorsqu’elles étaient submergées d’informations nouvelles, importantes et souvent frustrantes. C’est le moment où on leur annonce qu’elles ont un diabète. Un moment où elles entendent qu’elles vont vivre avec toute leur vie, qu’elles doivent s’injecter de l’insuline, qu’elles vont apprendre à adopter les doses…

D’autres patients étaient déjà pris en charge pour le diabète, mais ils apprennent qu’ils passent désormais à l’insuline. L’un d’eux nous confie : « Ça a été un grand coup, (…) je m’attendais pas à être secouée comme ça ».

Un temps très court pour apprendre

L’un des patients précise que c’est à l’hôpital et avec une infirmière qu’il a appris le geste : « elle m’a fait la première et puis les suivantes c’est moi qui les avais faites, la première que j’ai faite elle a regardé ». Un autre raconte : « ils m’ont appris à me piquer avec un petit truc pour chien qui fait pouët pouët ». Pour un autre encore, c’est son diabétologue qui le lui a appris.

Surtout, les patients nous ont expliqué que tout avait été trop vite. Ils ne se sont pas sentis très à l’aise en rentrant chez eux, lorsqu’ils ont eu à faire seul l’injection par stylo : « Mais chez moi, j’étais incapable de me l’injecter moi-même sans avoir un contexte hospitalier ».

Patients et médecins font le même constat !

Reparler de la technique d’injection, du geste est très rare. Pendant les rendez-vous avec le médecin, la discussion porte plutôt sur la glycémie et l’adaptation des doses d’insuline. Un diabétologue nous dit : « En consultation, je vérifie assez peu les techniques d’injection sauf s’il y a un déséquilibre brutal de la glycémie. Mais c’est assez rare ». Les patients réapprennent le geste d’injection de l’insuline assez rarement donc.

Un geste facile ou complexe ?

Les personnes rencontrées nous ont expliqué que cela leur a été présenté par le médecin comme un geste « facile » à faire. Elles se sentent alors gênées de leur redemander à nouveau un conseil, surtout après plusieurs années de diabète… Certaines hésitent, d’autres renoncent tout simplement.

Certains patients nous ont dit ne pas être totalement sûrs de leur geste : « Je suppose que je le fais correctement, je pense bien faire le geste. C’était qu’au tout début, il n’y a pas de vérifications, ni de questions si je le faisais bien ou pas ».

L’impact du geste sur l’équilibre glycémique

Changer son aiguille pour chaque nouvelle injection. Utiliser une taille d’aiguille adaptée. Faire varier les sites et zones d’injection. Les patients rencontrés nous disent ne pas toujours y être attentifs. Or, en n’appliquant pas la technique d’injection optimale, des « boules de graisse » peuvent se former. C’est aussi ce qui peut expliquer les douleurs dont ils parlent. Cela peut provoquer des saignements. De plus, peu de patients nous ont dit que leur médecin avait pris le temps de leur expliquer qu’un geste optimal pouvait avoir un impact sur l’équilibre glycémique.

Il y a donc aujourd’hui un enjeu important autour de l’apprentissage du geste. « Or s’injecter de l’insuline, ce n’est pas comme le vélo, les bonnes pratiques ne sont pas acquises pour la vie », observe Gérard Raymond, Président de la Fédération Française des Diabétiques. Les programmes d’apprentissage devraient concerner aussi bien les patients, premiers concernés, que leur infirmier, pharmacien ou médecin : pour en savoir plus.

Nous remercions l’ensemble des patients et professionnels de santé ayant répondu à nos questions !