Qu’apporte la nouvelle fonctionnalité des alarmes optionnelles du FreeStyle Libre 2 (FSL2) en comparaison du FreeStyle Libre (FSL) ? Qu’est-ce que cela change concernant les contraintes (physiques, sociales, matérielles et temporelles) liées à la maladie ? 

Le FSL2 est commercialisé en France depuis mars 2020. Concernant son remboursement, l’industriel Abbott et le Ministère des Solidarités et de la santé ont pu trouver un accord permettant d’inscrire le produit sur la Liste des Produits et Prestations Remboursables. Le dispositif est remboursé depuis le 1er juin 2021. Pour en savoir plus, nous vous invitons à cliquer sur le lien à la fin de cet article.

Cet article est une synthèse de la restitution des résultats de plusieurs études sociologiques visant à fournir une évaluation des effets potentiels anticipés* de la fonctionnalité « alarme » optionnelle du FreeStyle Libre 2. Celle-ci permet de prévenir les utilisateurs en cas d’hypos-/hyperglycémies. Le modèle FSL2 n’est pas encore sur le marché français lors de la réalisation des études le concernant (juin 2020). 

Deux ressources ont été mobilisées : une étude multisource et mixte (entretiens individuels et questionnaires), entre 2014 et 2019 sur l’expérience vécue avec le FSL avec, au total, 2311 personnes enquêtées (adultes diabétiques, de type 1 et 2, et parents d’enfants diabétiques) ; et une étude ad hoc conduite en 2019 (entretiens individuels et observations ethnographiques), dédiée à l’analyse des effets anticipés de l’alarme (le FSL2), avec au total 10 enquêtés (patients, proches). 


*« Effets anticipés de l’alarme » signifie que les participants à l’étude n’ont pas utilisé le FSL2. Mais connaissant le FSL, ils ont pu se projeter dans l’utilisation du FSL2 avec ses nouvelles spécificités. 

⚠ Les spécificités du FreeStyle Libre 2

Il s’agit d’un dispositif flash d’autosurveillance classique auquel est ajouté un système d’alarmes optionnelles. Celle-ci qui permet d’alerter son porteur dès que le seuil de la glycémie prédéfini est franchi en cas d’hypo-/hyperglycémie. Le système offre 3 alarmes :

  • hypoglycémie,
  • hyperglycémie,
  • perte de signal.

Chacune d’entre elles peut être préalablement activée ou désactivée facilement et séparément. Le seuil des alarmes peut être réglé au préalable en fonction des besoins de chaque patient. L’utilisateur reçoit alors une notification directement sur l’écran de l’appareil connecté au FLS2 (smartphone ou lecteur). L’utilisateur peut choisir d’être alerté par une vibration du boîtier ou par un son émis par ce dernier.

Résultats

Permanence des bénéfices patients du FSL entre 2014 et 2019

Les études menées sur le FSL par le Diabète LAB ont montré que ce système sans alarme permet aux personnes diabétiques d’alléger tout un ensemble de contraintes qui caractérisent habituellement l’expérience du diabète, comparativement à l’usage d’un dispositif de glycémie capillaire.

La contrainte physique

En comparaison à l’autosurveillance glycémique capillaire (ASG), le FreeStyle Libre diminue considérablement les piqûres à réaliser. Avec le FSL, la pose du capteur représente une piqûre toutes les deux semaines (sauf cas d’arrachage du capteur).

La contrainte sociale

Le FSL apporte une plus grande discrétion avec le capteur par rapport à l’ASG, qui nécessite plusieurs dispositifs médicaux (autopiqueur, lancette, lecteur glycémie, bandelette). Le capteur peut néanmoins être visible si l’utilisateur ne le dissimule pas sous un vêtement.

La contrainte matérielle

La nuit, il est plus simple de pratiquer une mesure glycémique dans l’obscurité avec le FSL, et par conséquent, de moins perturber le sommeil.

La contrainte temporelle

Le FSL permet de suivre l’évolution de la glycémie au fil de la journée alors que l’ASG donnait des informations ponctuelles à l’utilisateur.

Permanence de l’allègement des contraintes physiques, matérielles et sociales entre le FSL et le FSL2

L’étude ad hoc de 2019 tend à montrer que l’alarme du FSL2 ne devrait pas avoir d’effets spécifiques sur les contraintes physiques et matérielles : l’alarme ne devrait retirer – ni rien ajouter – au relatif inconfort physique lié à la pose du capteur, ni à la praticité pour mesurer sa glycémie, notamment pendant le sommeil.

Ce qui pouvait être perçu comme un frein et une contrainte sociale, que le capteur soit visible et donc révélait la maladie en public, constituait finalement de simples appréhensions, d’après les études réalisées. Les stratégies de « dissimulations » du capteur ont surtout été observées en début d’utilisation du dispositif.

Supposant une continuité des comportements du FSL au FSL2, les pratiques d’acceptation de la sonnerie du FSL2 pourront être celles observées avec le port du capteur du FSL. Suivant ce postulat, les utilisateurs passeront donc par une phase d’appropriation de l’alarme optionnelle qui ira de la dissimulation jusqu’à la disparition de la gêne d’afficher sa maladie, en la rendant visible.

Renforcement de la connaissance de soi entre le FSL et le FSL2

Au début de l’utilisation du FSL, les études ont montré que les patients multiplient les scans en guise de tests, notamment pour vérifier la fiabilité des mesures de la glycémie en les confrontant avec les glycémies capillaires. Au fil des semaines, lorsque les éventuels problèmes sont résolus, la fréquence se normalise et la confiance dans le dispositif s’instaure.

Parallèlement ou après cette phase, les utilisateurs confrontent les données et les tendances à ce qu’ils ressentent et à la situation qu’ils vivent. Les mesures issues du dispositif peuvent parfois contredire le point de vue que le patient porte sur une séquence temporelle de sa maladie et qui est fondé sur ses perceptions corporelles.

Ces mesures peuvent les amener à réinterpréter les sensations et les perceptions, ce qui leur permet de mieux se connaître physiquement. Ces connaissances sont précieuses, car elles peuvent aider les patients à mieux agir sur leur diabète et adapter les doses d’insuline d’une façon qu’ils jugent plus efficace.

Quant à l’alarme du FSL2, les utilisateurs chercheront à vérifier la fiabilité de cette fonctionnalité de sorte à construire leur confiance. Ce qui pourra les éveiller à nouveau dans la connaissance de la maladie et leur corps, leur permettre de découvrir des sensations insoupçonnées afin de mieux se connaître eux-mêmes.

Nouveau bénéfice entre le FSL et le FSL2 allègement de la contrainte cognitive

La charge mentale demeure avec le FSL, comme l’ont montré les études mentionnées précédemment. Les patients doivent pratiquer l’ASG et se rendre attentifs à diverses sensations. À l’inverse, l’alarme optionnelle du FSL2 devrait avoir des effets positifs sur la contrainte cognitive.

Dans la gestion du diabète en général, il arrive parfois que les personnes diabétiques « oublient » leur maladie. Par exemple lors d’activités diverses à l’extérieur (travail, sport, loisirs, etc.), elles ne pensent plus à se scanner et lâchent prise et ne contrôlent plus leur glycémie pendant un temps. Dans ces phases, le risque d’hypo-/hyperglycémie est aussi là. L’alarme du FSL2 devrait ainsi rendre la maladie plus supportable dans ces moments où les patients laissent délibérément le diabète de côté où doivent se concentrer sur autre chose (la nuit, conduite, activité diverse, etc.).

Cette nouvelle fonctionnalité devrait également alléger fortement la charge mentale des parents d’enfants diabétiques, pour qui les risques d’hypo-/hyperglycémies ont un impact important sur leur qualité de vie. Plus besoin alors de pratiquer l’ASG nocturne qui perturbe le sommeil de l’enfant et des parents. Par ailleurs, grâce à l’alarme, les parents auront le sentiment de ne plus être les seuls responsables pour lutter contre les éventuelles d’hypo-/hyperglycémies, le FSL2 sera là pour aider.

Les bénéfices de l’alarme du FSL2 ne seront pas vécus par tous les patients de la même manière. Ceux qui y gagneront sûrement le plus sont les personnes diabétiques qui ont des difficultés à percevoir les symptômes des hypo-/hyperglycémies ainsi que les parents d’enfants diabétiques. Les adultes et diabétiques de longue date, rompus à l’utilisation du FSL, devraient progresser dans leur connaissance de leur maladie.

Conclusion

Les services qu’offre le FSL2 par rapport au FSL sans alarme permettent de confirmer qu’il y a des effets potentiellement bénéfiques pour les patients. La fonctionnalité de l’alarme optionnelle du FSL2 offrira probablement aux utilisateurs :

  • Un renforcement de la connaissance de soi,
  • Un allègement de la charge mentale,
  • La possibilité aux personnes diabétiques de se détacher du diabète,
  • Une acceptation active de son diabète.

Le diabète et sa prise en charge représentant tout un ensemble de contraintes (physiques, morales, psychologiques, sociales, matérielles, économiques, institutionnelles et professionnelles), la nouvelle fonctionnalité alarme devrait améliorer le bien-être général des utilisateurs et constituer une nouvelle conquête, un nouvel espace de liberté pour les patients.

Consulter l’étude complète issue de la revue Médecine des maladies Métaboliques

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