Selon une étude du Diabète LAB, une grande partie des patients (tous et pas seulement ceux atteints de diabète) pense qu’il est important d’évaluer les groupements d’acteurs de santé1. Ils se sentent prêts à y participer, malgré quelques appréhensions, voire résistances, sur les évaluations faites par des questionnaires. Pour comprendre ces résultats, on vous raconte ici l’expérience peu habituelle à laquelle nous avons participé !

Expérimenter l’évaluation par les patients

En 2018 a débuté un projet d’expérimentation national mené par le Ministère des Solidarités et de la Santé et la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (Cnam) avec 18 groupements de santé expérimentateurs2. Cette expérimentation vise à promouvoir des organisations innovantes en santé pour améliorer le service rendu aux patients et l’efficience des dépenses de santé. Afin d’apprécier l’amélioration du service rendu, chaque patient des groupements expérimentateurs évaluera anonymement, à travers un questionnaire, son expérience globale vis-à-vis de la qualité de son parcours de santé.

Les résultats du questionnaire permettront de fournir aux professionnels de santé du groupement des informations pour améliorer leurs pratiques et renforcer la coordination. Ils seront également pris en compte, sous forme de bonus dans un premier temps, dans le calcul d’un intéressement financier collectif versé au groupement.

Evaluer à partir de son expérience

Nous avons interrogé les patients qui fréquentent des groupements participants à l’expérimentation et ils ont insisté sur le fait :

  • de pouvoir obtenir facilement un rendez-vous, des réponses à leurs questions (pour contacter un spécialiste par exemple),
  • que les informations circulent entre les médecins, notamment suite à une hospitalisation ou des consultations chez les spécialistes,
  • et que soient prises en compte leurs habitudes de vie.

Ce ne sont pas les seuls critères bien entendu. Mais ils font partie de ceux sur lesquels les patients veulent tout particulièrement s’exprimer pour parler de leur expérience globale.

Prêt à évaluer ?!

Les patients considèrent que les évaluations sont nécessaires. Certains ont une appréhension, voire des résistances à donner leur avis sur leur propre prise en charge. C’est particulièrement le cas si le patient ne se considère pas comme une personne malade, qu’il pense prendre soin de sa santé, et/ou qu’il perçoit sa relation avec le médecin comme bonne. C’est aussi lié à la forme d’évaluation proposée. Un questionnaire, avec des réponses pré-formées, des cases à cocher, à un impact assez négatif sur la motivation à répondre.

Pour conclure, cette expérimentation est originale car elle permet aux patients de remplir eux-mêmes le questionnaire (personne d’autre ne parle à leur place), d’exprimer leur expérience vécue dans le cadre d’un parcours de santé, et d’un groupement d’acteurs de santé (et non un établissement hospitalier).

 

Les patients sont prêts à participer individuellement et anonymement à l’évaluation. Leurs potentielles craintes à participer doivent encourager les associations de patients, avec l’appui des autres acteurs de santé, à accompagner les patients à devenir acteur de leur santé en remplissant ce type de questionnaires. Il y a également une responsabilité à l’évaluation collective de ces évaluations individuelles : là encore, les associations de patients et les autres acteurs de santé devraient en être parties prenantes.

 

1 Ces groupements regroupent plusieurs professionnels de santé en ville et à l’hôpital et couvrent, au minimum 5 000 patients. Ils peuvent prendre la forme, par exemple, de communautés professionnelles territoriales de santé ou de maisons de santé pluriprofessionnelles. Ces dernières, par exemple, regroupent plusieurs professionnels de santé dans des locaux communs, et en général, au minimum, deux généralistes, et une infirmière.
2 Un projet qui s’inscrit dans le cadre général du programme d’innovation en santé (article 51) relatif à la mise en place d’une Incitation à une Prise En charge Partagée (Ipep).

Le Diabète LAB a été interviewé par l’Institut Montaigne sur le projet Ipep (Incitation à une Prise En charge Partagée).