Le diabète de Type 2 (DT2) touche environ 3 millions de personnes en France. Parmi elles, 358 000 s’injectent quotidiennement de l’insuline, soit environ 10 %.
L’insuline est trop souvent représentée négativement. Elle est parfois utilisée comme une menace par des médecins dépassés qui espèrent, maladroitement, s’assurer de « l’observance thérapeutique » de leurs patients. Elle ravive le souvenir douloureux d’un aïeul diabétique traité par insuline amputé. Parce qu’elle s’injecte, elle est parfois aussi inconsciemment associée à la prise de substances psychotropes…
Il est cependant essentiel de dépasser ces représentations. Non seulement elles ne font que rendre le passage à l’insuline plus difficile qu’il ne l’est déjà, mais plus encore elles sont parfois responsables d’un « retard » de traitement et d’un manque d’adhésion thérapeutique. Ceux-ci sont susceptibles de se traduire par un déséquilibre glycémique et, à termes, par le développement de complications micro vasculaires (affections oculaires, dommages aux reins, etc.) et macro vasculaires (crise cardiaque, accident vasculaire cérébral). Dans ce contexte, il est primordial de voir l’insuline autrement. L’objet de cet article n’est en aucun cas de banaliser le passage à l’insuline, mais de permettre aux personnes qui passent sous traitement de ne plus subir ces représentations négatives, mais de se le réapproprier. Les réflexions de cet article sont issues des 10 entretiens effectués dans le cadre de l’étude IN USE LINE, portant sur les pratiques d’injection des personnes atteintes d’un DT2.
Le passage à l’insuline est souvent perçu comme le signe d’une aggravation du diabète. Bien que partiellement juste, cette représentation mérite d’être dépassée. S’il est effectivement vrai que le passage à l’insuline est généralement associé une évolution du diabète, celle-ci n’est en soit pas « grave » tant que la glycémie, c’est-à-dire le taux de sucre, reste bien contrôlée. Par chance, il existe un traitement centenaire qui a montré qu’il permettait de contrôler efficacement la glycémie : l’insuline. Passer à l’insuline peut ainsi être vu comme un moyen d’éviter la véritable aggravation du diabète, c’est-à-dire le développement et l’évolution de complications
L’insuline est un traitement injectable. Ce mode d’administration est a priori considéré comme difficile. Pourtant, de nombreuses personnes DT2 sont familiarisées avec ce mode d’administration, notamment « grâce » à l’injection hebdomadaire d’un analogue du GLP1 (Oydureon, Trulicity ou Ozempic) qui est souvent prescrite avant l’insuline. S’il est vrai que passer quotidiennement la barrière symbolique de la peau n’est pas chose aisée, la très grande majorité des personnes DT2 traitées par insuline rapporte qu’après une période d’adaptation allant de quelques jours à quelques semaines, l’injection d’insuline s’intègre à la vie quotidienne. Celle-ci peut même être considérée « comme un médicament comme un autre ».
Dans mon esprit, le diabète c’est une maladie comme une autre qu’on soigne avec un médicament. Et dès l’instant où elle est bien soignée, que mes doses d’insuline sont prises, que ma glycémie est bonne, pour moi il n’y a aucun problème. C’est un médicament comme un autre. – Damien
Afin de faciliter le passage à l’insuline, il reste toutefois primordial d’être formé par des professionnels de santé au geste et au schéma d’injection. N’hésitez pas à demander conseils à votre médecin et/ou son équipe soignante, à échanger avec d’autres personnes DT2 sous insuline ou encore à consulter les ressources documentaires de la Fédération Française des Diabétiques.
Cette étude a été financée par BD.
Auteurs : Nicolas Naïditch, Coline Hehn.