Etude CARDIAB – Enquête quantitative sur les connaissances des complications et comorbidités cardiovasculaires des personnes atteintes d’un diabète de type 2

En France, ce sont environ 3,6 millions de Personnes atteintes d’un Diabète de Type 2 (PaDT2) qui sont traitées pharmacologiquement et ce chiffre est en constante augmentation (L’assurance Maladie, 2022).

Le diabète peut entraîner des complications cardiovasculaires, car il touche les gros vaisseaux sanguins. Ainsi, les complications du cœur et des artères sont 2 à 4 fois plus fréquentes chez les personnes diabétiques que dans le reste de la population et représentent la première cause de mortalité (Bell, 2003; Fox, 2010). In fine, cela conduit à une diminution de l’espérance de vie.

Pourtant les complications cardiovasculaires et les facteurs de risques supplémentaires qui y sont associés semblent peu connus des personnes atteintes d’un diabète de type 2. En effet, en 2013 moins de 40 % d’entre elles réalisaient chaque année la consultation de cardiologie ou un électrocardiogramme recommandé et un peu moins de 80 % le dosage des lipides (graisses) (Fosse-Edorh et al., 2015).

La Fédération Française des Diabétiques, en partenariat avec Novartis, a souhaité réaliser une enquête quantitative dont l’objectif principal était d’évaluer le niveau de connaissances des personnes atteintes d’un diabète de type 2 sur les complications cardiovasculaires.

Méthodologie

L’enquête quantitative a été diffusée en ligne entre octobre et novembre 2022. Les données de 1 330 PaDT2 ont été incluses dans les analyses. La majorité des participants ayant répondu au questionnaire en ligne provenaient de la communauté des Diabèt’Acteurs de la Fédération, incluant les abonnés à la newsletter et à ses pages Facebook.

Résultats 

Caractéristiques de la population

L’âge moyen des répondants était de 64,7 ans et le taux de féminisation de 46,2 %. Presque la moitié des répondants (49,7 %) étaient issus des professions intermédiaires et des cadres et professions libérales.

L’ancienneté moyenne du diabète était de 15,3 ans. Les PaD traités par antidiabétiques oraux étaient 53,5 % et ceux traités par insuline 41,1 %. Seulement 5 % des répondants déclaraient ne pas avoir de traitement médicamenteux pour leur diabète.

Plus de la moitié des répondants (57,4 %) avaient un diabète très bien équilibré (HbA1c ≤ 7 %), 29,5 % un diabète correctement équilibré (HbA1C [7,1 %-8 %]), 9,3 % un diabète mal équilibré (HbA1c > 8 %) et 3,8 % ne connaissaient pas leur HbA1c).

Le nombre moyen de complications/comorbidité retrouvé dans la population était de 2,9. Les 3 plus fréquentes étaient l’hypertension artérielle (54,9 %), le surpoids ou l’obésité (52,6 %) et l’hypercholestérolémie (33,2 %).

À noter que 332 répondants (25 %) avaient des antécédents cardiovasculaires « graves » (angioplastie, accident vasculaire cérébral, pacemaker, pontage coronarien, etc.).

Concernant les examens de suivi, 96,2 % des répondants avaient fait au moins un contrôle de l’HbA1c au cours des 12 derniers mois, 60,4 % un bilan lipidique et 64,6 % un électrocardiogramme (ECG). En conséquence, environ 35 % des répondants n’étaient pas à jour des examens de suivi cardiovasculaire recommandés par l’assurance maladie.

Les répondants étaient 68,9% à déclarer ne jamais parler ou seulement de temps en temps des complications cardiovasculaires avec le médecin le plus impliqué dans la prise en charge de leur diabète.

Connaissance des complications cardiovasculaires

La santé cardiovasculaire des répondants (bilan lipidique et réalisation d’un ECG) était suivie pour 78,5 % d’entre eux, essentiellement par un cardiologue. Le sentiment d’être bien informé sur les complications cardiovasculaires était de 6,5/10 (0 pas du tout ; 10 très bien informé). Les répondants étaient 57,4 % à déclarer connaître le LDL cholestérol, le HDL cholestérol et les triglycérides.

Les lipoprotéines à basse densité appelées LDL, pour Low Density Lipoprotein, transportent le cholestérol du foie vers les tissus. Quand il y a trop de cholestérol associé aux lipoprotéines LDL, celui-ci s’accumule sur les parois artérielles, augmentant ainsi les risques de développement de maladies cardio-vasculaires. C’est pour cela qu’on le nomme le « mauvais cholestérol ».

Les lipoprotéines à haute densité, appelées HDL, pour High Density Lipoprotein, transportent le cholestérol des tissus vers le foie, en vue de son élimination et pour éviter son accumulation dans les tissus. Elles permettent de nettoyer des artères. C’est pour cela qu’il est appelé le « bon cholestérol ».

Les triglycérides sont des lipides – c’est-à-dire des graisses, qui constituent la majeure partie du tissu adipeux du corps humain, et qui représentent la plus grande réserve d’énergie de l’organisme. Ils sont apportés par une alimentation peu équilibrée et une consommation excessive d’alcool. Un taux élevé de triglycérides dans le sang favorise la survenue de maladies cardiovasculaires et contribue au développement de l’athérosclérose.

Le score de connaissance des risques associés aux maladies cardiovasculaires était de 9,7/11 (un point par bonnes réponses aux questions ci-dessous). Le facteur de risque le moins connu était le sexe, seul 1/3 des répondants savaient qu’il était susceptible d’avoir une influence sur le développement des maladies cardiovasculaires.

95,1 % savaient que le diabète endommage les vaisseaux sanguins. Ceci est particulièrement vrai lorsque la glycémie, c’est-à-dire le taux de sucre dans le sang, est souvent élevée. Ces dommages peuvent contribuer au développement de maladies cardiovasculaires, dont toutes les maladies citées précédemment.

33,1 % savaient que le sexe avait une influence sur le risque de maladies cardiovasculaires et 84,7 % que c’était aussi le cas de l’âge. La probabilité d’avoir un accident cardiovasculaire ou cardiaque augmente nettement après 50 ans chez l’homme et après 60 ans chez la femme. Les femmes, jusqu’à la ménopause, sont plus protégées que les hommes face aux maladies cardiovasculaires. En effet, les hormones (estrogènes et progestérone) les protègent. Mais après 60 ans, une femme a la même probabilité qu’un homme de développer une maladie cardiovasculaire.

86,8 % savaient les antécédents familiaux étaient associées au risque de maladie cardiovasculaire : le risque de développer une maladie cardiovasculaire augmente si dans votre famille, un parent proche (père, mère, frère, sœur) a présenté une maladie cardiovasculaire à un âge précoce.

98,0 % connaissaient le rôle du tabac dans le développement des maladies cardiovasculaires : à court terme, le tabac favorise le rétrécissement des artères, la formation de caillots et l’apparition de troubles du rythme cardiaque. Ces mécanismes expliquent la brutalité des accidents cardiovasculaires.

92,9 % savaient que l’hypercholestérolémie était associée aux maladies cardiovasculaires. L’hypercholestérolémie est un trouble du métabolisme lipidique, c’est-à-dire des graisses, qui correspond à une augmentation du taux de cholestérol dans le sang. Ce trouble est plus précisément dû à une élévation du taux de cholestérol-LDL, qui se retrouve en grande quantité dans le sang. Le foie ne peut alors plus éliminer tout le cholestérol–LDL qui s’accumule et se dépose sur les parois vasculaires ce qui augmente le risque d’athérosclérose et par conséquent celui des maladies cardiovasculaires.

97,4 % connaissaient le rôle du surpoids et de l’obésité. On parle de surpoids si l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 25, et d’obésité s’il est supérieur à 30. Pour le calculer, utilisez notre calculateur. La répartition des graisses corporelles est également un élément important. Si l’excès de graisse se situe au niveau de la taille et du ventre (obésité en forme de pomme), le risque cardiovasculaire est plus élevé que si les graisses se localisent plutôt en dessous de la ceinture (obésité en forme de poire).

96,1 % savaient que l’absence d’activité physique était liée aux maladies cardiovasculaires : toute personne qui pratique moins de 30 minutes d’exercice physique par jour est considérée comme sédentaire. Une demi-heure de marche par jour peut suffire à réduire le risque cardiovasculaire.

95,8 % connaissaient le rôle de l’hypertension artérielle. Elle correspond à la pression exercée par le sang sur la paroi des artères. Le danger est que le cœur travaille plus et s’affaiblisse. L’augmentation de la pression finit également par abîmer les parois des artères.

92,4 % savaient que le stress était associé aux maladies cardiovasculaires. Le stress est une réaction normale de l’organisme face à certains événements de la vie. Lorsque le stress s’installe dans la durée (stress chronique), il agit sur la qualité de vie. Le stress se manifeste de différentes manières : au niveau physique (en favorisant notamment l’augmentation de la tension artérielle et de la glycémie) mais aussi au niveau mental.

Conclusion 

Les connaissances des répondants sur les facteurs de risque associés aux maladies cardiovasculaires étaient particulièrement bonnes. Cependant, les résultats suggèrent que le suivi cardiovasculaire des personnes atteintes d’un diabète de type 2 pourrait être amélioré :

  • 1/3 des répondants ne réalisait pas la totalité des examens de suivi cardiovasculaires recommandés, à savoir 1 bilan lipidique et un électrocardiogramme chaque année.
  • 2/3 des répondants ne discutent pas ou peu des complications cardiovasculaires avec le professionnel de santé le plus impliqué dans la prise en charge de leur diabète. Dans la mesure où toutes les personnes atteintes de diabète sont considérées comme étant à haut risque d’accident cardiovasculaire, il peut être important d’en discuter régulièrement avec son médecin.

Enfin, bien que les résultats soient globalement positifs, il paraît important de les relativiser. Cette étude, comme la plupart des études du diabète LAB, est caractérisée par une surreprésentation de personnes avec un fort capital socioéconomique et culturel et particulièrement impliquées dans le suivi et la prise en charge de leur diabète. Il est plus que probable que les personnes atteintes d’un diabète de type 2 moins favorisées aient des connaissances moindres et un suivi plus irrégulier.

Pour en savoir plus sur les risques cardiovasculaires, c’est ici.

Bibliographie
Bell, D.S.H., 2003. Heart failure: the frequent, forgotten, and often fatal complication of diabetes. Diabetes Care 26, 2433–2441. https://doi.org/10.2337/diacare.26.8.2433
Fosse-Edorh, S., Mandereau-Bruno, L., Regnault, N., 2015. Le poids des complications liées au diabète en France en 2013. Synthèse et perspectives. Institut de veille sanitaire 619–625.
Fox, C.S., 2010. Cardiovascular Disease Risk Factors, Type 2 Diabetes Mellitus, and the Framingham Heart Study. Trends Cardiovasc Med 20, 90–95. https://doi.org/10.1016/j.tcm.2010.08.001
L’assurance Maladie, 2022. Diabète [WWW Document]. URL https://data.ameli.fr/pages/pathologies/?refine.patho_niv1=Diab%C3%A8te (accessed 9.16.22).