Emmanuel, Frédéric et Martine sont des Diabèt’Acteurs. Ils ont participé à notre étude sur le quotidien d’un diabétique au travail. Dans la première partie de cet article, ils expliquaient leur choix d’annoncer ou non leur diabète dans leur environnement professionnel. Ils parlent maintenant de leurs besoins en termes d’accompagnement par l’entreprise – et plus largement dans l’entreprise.

Un accompagnement pour remplir les dossiers d’aide

Pour Frédéric, la mesure la plus innovante consisterait à favoriser la transmission d’informations, notamment en entreprise, sur la gestion du diabète au travail. Par exemple, c’est une infirmière qui a proposé à Frédéric de remplir le dossier pour une RQTH (Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé). Elle lui a expliqué pendant 15 minutes en quoi cela consistait et ce que cela impliquait. D’heureuses rencontres comme celle-ci, Frédéric souhaiterait qu’elles n’arrivent plus par hasard. Et il voudrait que les informations qu’il y a reçues puissent faire partie intégrante de l’éducation thérapeutique du patient.

Une meilleure information sur les contraintes des métiers pénibles

Emmanuel travaille dans le domaine de la maintenance, dans l’industrie lourde. Son poste nécessite des interventions mécaniques, à 10-15 mètres de haut,« je n’ai pas choisi le plus simple ! ». S’il avait connu les difficultés du métier, il n’aurait peut-être pas choisi cette voie… Il aurait en tout cas voulu être mieux conseillé, par un patient diabétique qui exerce la même profession que lui. Car lorsqu’on est jeune, « l’énergie ne manque pas bien sûr, mais à cause de la maladie cela peut vite devenir difficile ».

Bénéficier d’un aménagement de son poste de travail

« Comme le diabète est une maladie très peu connue des employeurs », Martine n’a bénéficié d’aucun aménagement spécial. « Et je n’ai pas eu besoin d’aménager mon rythme de travail ». En revanche, indépendamment de la maladie selon elle, son comportement avait changé vis-à-vis de certaines personnes « J’étais moins incisive au travail, mais je ne pense pas que ce soit lié au diabète ». Sa direction, elle, a supposé que c’était au contraire dû à sa maladie.

La situation de Frédéric est différente. Le management de ses supérieurs ne lui offrait pas la flexibilité qu’il désirait, « s’il faut que je me « resucre », si je ne me sens pas bien, si j’ai envie de faire une pause – il faut un peu de liberté ». Son entreprise a pourtant « desserré la vis » il y a peu de temps, en créant une « mission handicap ». Un dispositif spécifique à sa société, en charge du maintien à l’emploi des personnes handicapées. « Aujourd’hui les personnes diabétiques de mon entreprise bénéficient d’un statut – on ne va pas dire privilégié – mais on est pris en compte ».

« Par exemple, j’ai une liberté totale sur les horaires »

Une mission handicap, qu’est-ce que c’est ? Frédéric la présente comme une équipe d’une dizaine de personnes qui traite les dossiers d’aménagement de postes des salariés en situation de handicap. Achat de clavier en braille, appareils auditifs – et pour les personnes diabétiques, mise en place d’une organisation qui les libère de certaines contraintes. « J’ai par exemple une liberté totale sur les horaires, je n’ai plus à justifier d’arriver à telle ou telle heure ».

Parler du diabète au travail pour mettre en place des actions

Suite à sa formation de Bénévole Patient Expert, Emmanuel est allé voir son Directeur des Ressources Humaines pour lui en parler, et proposer une journée de dépistage et d’information dans l’usine avec une infirmière en vue de la Journée Mondiale du Diabète. Sa proposition a été accueillie avec enthousiasme, ce qui a donné envie à Emmanuel de s’investir au CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) de son entreprise. Cela lui donne un rôle de référent auprès de ses collègues, qui le sollicitent sur des problématiques diverses liées à la vie en entreprise.

Depuis, s’est mis en place dans son entreprise un « accord sur les maladies chroniques ». Concrètement, Emmanuel doit seulement donner une attestation lorsqu’il doit s’absenter pour ses bilans médicaux à l’hôpital. Ainsi sa journée est accordée et payée. « De nous donner la liberté de faire nos examens sans nous pénaliser, c’est déjà une mesure sociale très avantageuse ». Frédéric précise que les consultations chez les spécialistes n’ont pas à faire l’objet d’une autorisation ou d’une négociation, le code du travail l’imposant déjà aux employeurs. Ces heures prises sur le temps de travail sont décomptées, mais dans le cas décrit par Emmanuel, la rémunération dépend des accords d’entreprises. Cet avantage ne concerne donc pas tout le monde.

« Ce n’est pas à l’entreprise de me prendre par la main »

Grâce à Emmanuel, la cantine de l’entreprise propose enfin des plats plus « light » et équilibrésCes mesures lui suffisent, « je ne vais pas utiliser mon diabète pour obtenir des avantages, c’est hors de question. Ce n’est pas à l’entreprise de me prendre par la main ».

Pour en savoir plus, vous pouvez aussi consulter les lois suivantes : Article. L1226-5 du Code du travail, et Article L. 322-3, 3° et 4° du Code de la Sécurité Sociale.

 

Découvrez les premiers témoignages d’Emmanuel, Frédéric et Martine : 

Dire à mes collègues ou à mon manager que je suis diabétique ?

Découvrez le guide de la Fédération Française des Diabétiques sur le thème du diabète et du travail