Enseignements de l’enquête GreenStyle 2

Auteurs : Arnaud Bubeck ; Coline Hehn

 

Une révolution technologique… et écologique

Avec plus de 4 millions de personnes vivant avec un diabète en France, dont près de 20 % utilisent l’insuline, les Capteurs de Glucose en Continu (CGC) comme FreeStyle Libre ont profondément transformé la gestion de la maladie. Cette technologie améliore l’équilibre glycémique et la qualité de vie des utilisateurs, tout en générant un volume significatif de déchets électroniques.

Pour répondre à cet enjeu, la société Abbott a créé une filière de recyclage dédiée aux capteurs FreeStyle Libre usagés : #EasyToCollect. Le Diabète LAB, sollicité pour en évaluer l’impact, a mené une seconde enquête nationale en 2025 auprès de 1 500 utilisateurs, dans la continuité d’une première étude réalisée en 2023 que vous pouvez retrouver ici.

Mais qu’est-ce que la filière #EasyToCollect ?

#EasyToCollect est une filière de collecte et de traitement spécifique aux capteurs FreeStyle Libre* usagés créée par la société Abbott permettant de recycler l’ensemble des métaux contenus dans les capteurs.

Son fonctionnement est simple grâce à un partenariat avec la Poste

1) Une enveloppe préaffranchie gratuite est à commander soit en ligne sur le site d’Abbott, soit par téléphone auprès de son Service Clients, soit auprès de son pharmacien.

2) L’enveloppe peut contenir jusqu’à 24 capteurs usagés, soit l’équivalent d’une année d’utilisation.

3) Une fois l’enveloppe remplie, il suffit de la déposer dans une boîte aux lettres.

4) L’enveloppe est ensuite acheminée dans un centre de traitement en France. Un procédé spécifique aux capteurs FreeStyle Libre permet alors de récupérer 98 % des métaux stratégiques.

*Tous les modèles sont concernés

L’étude GreenStyle 2 : une photographie actualisée des pratiques

L’étude quantitative menée en 2025 visait à mieux comprendre comment les personnes vivant avec un diabète utilisant le dispositif FreeStyle Libre perçoivent et ont recours à la filière #EasyToCollect, et d’estimer les évolutions des pratiques depuis 2023. Le questionnaire, diffusé en ligne, a permis de mesurer les connaissances, les usages, les freins, les leviers et les pratiques de tri liées à l’ensemble des composants du système FreeStyle Libre.

Les répondants, en majorité issus de catégories socio-professionnelles favorisées, avec une surreprésentation de femmes chez les personnes vivant avec un Diabète de Type 1 (DT1) (53% vs 47%) et surreprésentation des hommes chez les personnes vivant avec un Diabète de Type 2 (DT2) (55% vs 45%), présentaient un fort engagement écologique (avec une note moyenne du rapport à l’écologie de 7,9/10) et un bon niveau de connaissance des dispositifs liés au diabète. L’échantillon comptait une majorité de personnes vivant avec un DT1 (51%), mais également de nombreuses personnes vivant avec un DT2 (46%).

Un dispositif FreeStyle Libre très apprécié

Les CGC comme FreeStyle Libre sont généralement très appréciés des personnes vivant avec un diabète les utilisant. Notre enquête le montre à nouveau, avec une moyenne de satisfaction de 8,7/10. Nos résultats montrent également qu’entre 2014 et 2020, la majorité des personnes utilisant ce type de dispositif pour la première fois était des personnes vivant avec un DT1, mais à partir de 2020 la tendance s’inverse et ce sont majoritairement des personnes vivant avec un DT2 qui l’utilisent pour la première fois.  Cette tendance explique un autre résultat, qui montre qu’en moyenne les personnes vivant avec un DT1 utilisent depuis plus longtemps FreeStyle Libre que les DT2.

Une filière appréciée… mais moins connue des DT2

Les résultats montrent que 81 % des répondants connaissaient la filière #EasyToCollect, mais 19% – surtout des personnes vivant avec un DT2 – n’en avaient jamais entendu parler. Cette méconnaissance constitue le principal frein au recyclage des capteurs. La découverte de la filière passe principalement par les différents médias d’Abbott, mais aussi de plus en plus par les professionnels de santé, dont les pharmaciens qui sont davantage impliqués pour diffuser l’information. En effet, dans notre enquête de 2023, 9,6% des répondants avaient entendu parler de la filière #EasyToCollect par le biais de leur pharmacien, contre 21,8% en 2025. Parmi ceux qui connaissaient la filière, 89% des personnes atteintes de DT1 et 84% des personnes atteintes de DT2 l’utilisent, un chiffre en augmentation par rapport à 2023.

Un fonctionnement jugé simple et satisfaisant

Les répondants qui utilisent la filière #EasyToCollect se disent très satisfaits de son fonctionnement (note globale de 9,2/10) à la fois pour les personnes vivant avec un DT2 et DT1. Le système de retour par une enveloppe préaffranchie est perçu comme simple, efficace et respectueux de l’environnement. Les principaux qualificatifs pour présenter #EasyToCollect sont les termes « écologique », « utile » et « simple », ce qui rejoint les résultats de 2023.

Pour les personnes qui ne renvoient pas systématiquement les enveloppes, la raison principale est l’oubli (50%), ou le fait de mettre les capteurs dans la boîte jaune (35%). Mais les personnes qui n’utilisent pas la filière #EasyToCollect déclarent à 80% envisager d’y recourir à l’avenir. Pour celles qui ne l’envisagent pas, elles affirment que cela est contraignant.

Cependant, plusieurs limites ont été identifiées, notamment pour le recyclage des autres composants, comme le lecteur usagé qui est conservé à domicile en attente d’une solution spécifique pour 30% des répondants, et seulement 24% les déposent dans un collecteur DEEE (Déchet d’Équipements Électrique et Électronique) dans une déchetterie ou en magasin spécialisé. De même pour le recyclage des applicateurs usagés, qui sont déposés pour seulement 33% des répondants dans la boîte jaune (là où ils doivent être jetés), et pour 25% dans une poubelle de tri, et 16% dans les ordures ménagères.

Si les capteurs usagés sont donc majoritairement recyclés via #EasyToCollect, les autres composants du système comme les lecteurs et les applicateurs sont triés de manière hétérogène. La diversité des filières (jusqu’à 7 pour certains patients) rend la démarche fastidieuse et peut en décourager les utilisateurs, malgré leur volonté écologique affirmée et la compréhension de l’importance du geste de tri pour les composants.

Schéma du tri des composants usagés du système FreeStyle Libre pour les personnes vivant avec un diabète et étant sous FreeStyle Libre

 

Ainsi, pour FreeStyle Libre, plusieurs filières de collecte sont nécessaires pour ses utilisateurs afin de maximiser le recyclage lorsque cela est possible – pratique pouvant paraître complexe aujourd’hui à ses utilisateurs, et augmentant la charge mentale des personnes vivant avec un diabète.

 

Conclusion : informer et faciliter davantage le geste de tri pour adopter durablement la pratique du recyclage

L’étude GreenStyle 2 confirme l’intérêt croissant des personnes vivant avec un diabète pour le recyclage de leurs dispositifs médicaux. La solution #EasyToCollect est très bien accueillie, mais son adoption reste perfectible principalement en raison d’un manque d’information, de confusions et de la complexité globale de l’écosystème de tri

Pour accompagner cette dynamique, plusieurs pistes peuvent être envisagées :

  • Clarifier les différences entre les filières de recyclage existantes ;
  • Renforcer l’information à destination des personnes vivant avec un diabète, en particulier celles vivant avec un type 2, et pour les publics moins connectés, sur la façon de trier les différents composants du système FreeStyle Libre ;
  • Informer sur le résultat tangible du recyclage avec des chiffres clés, pour encourager à la démarche et montrer son utilité ;
  • Intégrer le recyclage dans les lieux de soin (pharmacies, maisons de santé, établissements hospitaliers) pour en faciliter l’accès.

Beaucoup de progrès ont déjà été réalisés pour faciliter le tri des produits de santé, et les évolutions récentes vont dans le bon sens. Ces améliorations doivent être pensées à hauteur d’usage pour faciliter les pratiques de recyclage en faveur de l’environnement, et les rendre durables, accessibles et partagées par tous.