Enquête CATHESTUDY
Enquête qualitative transversale multicentrique sur l’impact du cathéter Medtronic Extended (ME) sur la qualité de vie des adultes et enfants atteints d’un diabète de type 1 utilisant une pompe à insuline
En 2018, il était estimé qu’environ 76 000 patients sous insulinothérapie utilisaient une pompe à insuline. 67% de ces patients utilisent une pompe à insuline avec cathéter et doivent effectuer son changement tous les trois jours. Celui-ci doit en effet être renouvelé régulièrement afin de limiter les risques associés à la dégradation du matériel (obstruction et vrillage notamment) ou encore de nombreux événements indésirables, tels que des infections, des démangeaisons, des ecchymoses, des gonflements ou encore des douleurs. Pour les utilisateurs de pompe à insuline, il est considéré comme souvent contraignant et chronophage de changer son cathéter tous les trois jours et cela constitue une des principales contraintes associées à l’utilisation des pompes à insuline ainsi qu’un maillon faible de cette thérapie.
L’utilisation prolongée des cathéters est également susceptible d’altérer la capacité de la pompe à diffuser de l’insuline et par extension de diminuer le contrôle des patients sur leur glycémie. Malgré des recommandations claires et la survenue d’événements indésirables, il semblerait que la durée d’utilisation d’un cathéter varie considérablement d’un patient à l’autre (2-10 jours).
Dans ce contexte, l’entreprise Medtronic a développé un nouveau cathéter permettant un port prolongé du cathéter pouvant aller jusqu’à 7 jours : le cathéter Medtronic Extended (ME).
Afin de mieux connaître les expériences associées à l’utilisation du cathéter ME chez les personnes atteintes d’un diabète de type 1 (DT1), le Diabète LAB de la Fédération Française des Diabétiques a réalisé une enquête qualitative auprès de 22 personnes ayant utilisé ce cathéter pendant plus d’un mois (12 adultes et 10 enfants).
Méthodologie
« CATHESTUDY » est une enquête qualitative portant sur 12 adultes DT1 et 10 enfants DT1 ayant utilisé le cathéter ME plus d’un mois. L’objectif principal de cette étude était d’évaluer grâce à des entretiens semi-directifs l’impact du cathéter ME sur la qualité de vie de ses utilisateurs. Les objectifs secondaires étaient (1) d’évaluer les avantages et inconvénients du cathéter ME par rapport aux autres cathéters utilisés et (2) d’identifier les usages associés à ce cathéter.
Pour répondre à ces objectifs, des entretiens semi-directifs ont été effectués. Ces entretiens se sont formalisés sous la forme de discussions téléphoniques ouvertes reposant sur un guide d’entretien, c’est-à-dire une liste de questions et de thèmes à aborder. Le guide d’entretien a notamment été coconstruit avec les docteurs Guemazi-Kheffi, Berthelon, Amsellem-Jager ainsi que les professeurs Coutant, Hanaire et Thivolet. Les expériences associées au cathéter ME chez les enfants ont été recueillis auprès d’un de leur parent pour 8/10 enfants et en présence de l’un d’eux pour 2/10 entretiens.
Sélection des participants
Les participants ont été équipés du cathéter ME par le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) d’Angers, de Toulouse, l’Hospices Civils de Lyon (HCL) – DIAB-eCARE ainsi que le Groupement Hospitalier Régional (GHR) de Mulhouse entre juin et juillet 2021. Ces structures ont ensuite accepté de mettre leurs parents en contact avec le Diabète LAB de la Fédération Française des Diabétiques.
Afin de pouvoir participer à cette étude, les patients devaient être atteints d’un diabète de type 1, utiliser une pompe à insuline compatible avec le cathéter ME, avoir utilisé le cathéter ME plus d’un mois, avoir compris les contraintes de l’étude après et avoir donné leur consentement à l’oral après avoir reçu des informations claires et loyales.
Cette enquête a été effectuée selon la Méthodologie de référence MR-004, recherches n’impliquant pas la personne humaine, études et évaluations dans le domaine de la santé9. Le projet a été déposé sur le Health Data Hub (HDH – N° F20210610093152) conformément à la réglementation en vigueur.
L’échantillon interrogé dans cette étude était composé de 7 femmes et 3 hommes. L’âge moyen des personnes rencontrées était de 46 ans avec une maladie déclarée depuis environ 26 ans. Sur les 10 personnes interrogées, 8 étaient satisfaites par le cathéter ME, 1 n’était pas satisfaite et 1 ne souhaitait pas continuer avec ce cathéter.
Durée d’utilisation du cathéter ME
La majorité des cathéters a été changée au bout de 7 jours par la plupart des participants de l’étude. Toutefois, certains cathéters ont été changés précocement : pour la plupart au bout du 5e jour et dans de rares cas au bout du 3e ou 4e jour. Ces changements « précoces » ont majoritairement été effectués à la suite de montées glycémiques, parfois importantes, pouvant s’apparenter à des obstructions silencieuses.
Un allègement du fardeau de la maladie
Que le cathéter ME tienne 7, 6, 5, voire exceptionnellement 3 jours, sa durée d’utilisation est presque toujours supérieure à celle des cathéters « conventionnels ». De fait, les participants ont changé moins régulièrement de cathéter. Ceci se traduit plus généralement par un allégement de la charge mentale (penser au diabète) et du fardeau de la maladie (changer de cathéter). À titre d’exemple, une des personnes interrogées déclarait que ce nouveau cathéter permettait de faciliter ses déplacements. La fréquence de changement étant moins importante, elle pouvait se permettre d’emporter avec elle moins de cathéters. Attention toutefois, personne n’est à l’abri d’une défaillance du matériel, d’un arrachage ou d’un décollement, il convient donc d’emporter un cathéter de « sécurité ».
Un cathéter considéré comme facile à insérer et presque indolore
La plupart des participants considérait que le cathéter était simple à utiliser, voire que sa manipulation était instinctive. Cela se traduisait par une pose rapide et optimale du chaque cathéter. De plus, ce cathéter était perçu comme sûr et pratique, notamment grâce à son inserteur pré-chargé. Cette dimension « tout en un » était généralement appréciée. Ces éléments semblaient permettre de diminuer la douleur associée à la pose du cathéter et par extension de diminuer l’appréhension vécue par certaines personnes diabétiques au moment de la pose de leur cathéter. L’ensemble de ces éléments participait à la diminution du fardeau de la maladie.
Un cathéter bien toléré
De façon générale, le cathéter ME paraissait plutôt bien toléré. L’allongement de la durée d’utilisation du cathéter ne semblait pas induire de problème de peau supplémentaire, voire permettait à la peau de se reposer plus longtemps. À noter quelques cas d’obstructions silencieuses et de décollement du cathéter nécessitant un changement « précoce » du cathéter, c’est-à-dire avant le 7e jour. Ce cathéter n’a pas été toléré par une personne ayant expérimenté une hyperglycémie avec acétone. Cet événement isolé pourrait être attribué selon ce répondant à la présence inexpliquée de « bulles » dans la tubulure.
Au moment de l’étude, c’est-à-dire avec le lancement commercial du cathéter ME, deux éléments pouvant être améliorés ont été rapportés par les personnes interrogées : 1) avoir la possibilité de programmer sur la pompe à insuline l’alarme de changement de cathéter après 3 jours 2) pouvoir choisir différentes tailles de tubulures, notamment pour les personnes en surpoids.
Que pensent les personnes interrogées du cathéter ME
80% des participants déclaraient à la fin du premier mois d’essai du cathéter ME être satisfaits par leur expérience en vie réelle et vouloir poursuivre avec ce dispositif.
Caractéristiques des enfants
Les enfants ayant utilisés le cathéter ME étaient en moyenne âgés de 9,9 ans (minimum 4 ans et maximum 16 ans) et vivaient avec leur diabète depuis 2,7 ans en moyenne. Parmi eux, il y avait 8 garçons et 2 filles. Seuls deux entretiens ont été réalisés avec le père, les 8 autres l’ont été avec la mère. 9 enfants utilisaient la pompe à insuline MiniMed™ 640G et un enfant la pompe MiniMed™ 780G. Avant d’essayer le cathéter ME, la moitié des enfants utilisaient un cathéter droit (Mio™ Advance) et l’autre moitié un cathéter tangentiel (Mio™ 30 et/ou Silhouette™).
Focus sur les types de cathéters
Un cathéter est dit « droit » lorsque l’angle d’insertion de la canule est de 90°. Il est dit « tangentiel » lorsque celui-ci est compris entre 20° et 40°. Plus que l’angle d’insertion de la canule, c’est la taille de cette dernière qui les distingue. La canule est généralement de 6 mm pour les cathéters droits et de 13 mm pour les cathéters tangentiels.
Le choix du cathéter est, entre autres choses, déterminé par la morphologie du patient. Les cathéters tangentiels semblent ainsi préférés aux cathéters droits chez les jeunes enfants.
Pratiques associées à l’utilisation des anciens cathéters
Désinfection, rotation et contrôle de la glycémie
La totalité des parents interrogés déclarait désinfecter la zone d’insertion du cathéter. Tous déclaraient également changer de zone d’insertion, avec une préférence pour les cuisses et le haut des fesses. L’ensemble des parents déclarait également contrôler la glycémie lors de la pose de chaque nouveau cathéter. Cependant, avec le développement des capteurs de glucose en continu, tels que le Freestyle Libre ou le Enlite™, ce contrôle n’est pas vécu comme spécifique au changement du cathéter. L’ensemble de ces pratiques sont en adéquation avec les recommandations relatives au bon usage des cathéters.
Anesthésique local
Cela pourra surprendre les lecteurs les plus âgés : la plupart des parents utilisaient un anesthésique local, sous forme de patch, avant la pose de chaque nouveau cathéter. C’est particulièrement le cas des parents s’occupant de jeunes enfants et/ou utilisant un cathéter tangentiel.
« Euh, on l’a eu [le Silhouette] assez longtemps et puis, comme il s’est plaint, en fait, quand on pose le cathéter, il faut toujours qu’on lui mette de la crème anesthésiante et au CHU, ils nous ont dit ça serait bien d’essayer de se détacher un peu de ça, et lui, il a du mal, il veut absolument que l’on mette la crème, parce qu’il voit l’aiguille, elle est longue et ça lui fait peur ». – Mme El
Comme l’illustre le verbatim de Mme El, ce type de cathéter est en effet considéré comme moins facile à mettre en place que les cathéters droits. De plus, la taille de l’aiguille semble effrayer les enfants, exacerbant ainsi leur ressenti douloureux.
Temporalité du changement du cathéter et du réservoir
L’ensemble des parents interrogés remplissaient le réservoir de la pompe à insuline en même temps qu’ils changeaient de cathéter. Les entretiens ont permis de mettre à jour 3 schémas temporels distincts : le 3/2/2, le 3/4 et le 3/3.
« Normalement, c’était les mercredis et vendredis et dimanches. Il court tout le temps, il fait la trottinette, il fait du trampoline et il fait de la piscine. Donc son cathéter, il ne dure pas en fait ! ». – Mme D
« On change tous les 3/4 jours. Le mercredi et le dimanche (…) On a des jours fixes, comme ça, où on sait que l’on doit changer le matériel ». – Mme El
Les schémas 3/2/2 et 3/4 sont ceux qui permettent d’avoir des jours fixes, facilitant ainsi l’organisation de la vie familiale et permettant d’éviter d’oublier de changer de cathéter. Du fait de leur régularité, ces schémas semblent particulièrement adoptés par les parents de jeunes enfants. Ainsi, le 3/2/2 permet un changement de cathéter le mercredi, le vendredi et le dimanche, et le 3/4 un changement le mercredi et le dimanche. Ces deux schémas temporels privilégient généralement les mercredis et les dimanches, qui correspondent à des journées « de repos » pour les enfants. Les jours peuvent cependant être adaptés en fonctions des activités périscolaires des enfants ainsi que de la disponibilité des parents.
La grande majorité des parents privilégient le schéma 3/2/2 afin de respecter les recommandations associées au changement de cathéter, c’est-à-dire de le changer tous les 3 jours. Cependant, le schéma 3/4 apparaît être plus pratique. Le cathéter est certes utilisé une journée de « trop », mais cela permet d’éviter un changement de cathéter par semaine qui tomberait « fatalement » sur une journée d’activités (scolaire pour les enfants et professionnelle pour les parents). En l’absence de complications associées à ce port « prolongé », ce schéma est généralement adopté par les parents et les enfants.
Toutefois, la vie des enfants atteints de diabète est souvent marquée par des imprévus comme peut en témoigner Mme EI. La transpiration associée aux activités physiques et sportives, les activités aquatiques ou encore les obstacles obligent fréquemment les parents à changer prématurément un cathéter décollé, voire arraché, rompant ainsi le cycle des changements. En cas de – trop – nombreux imprévus, l’organisation familiale s’en trouve bouleversée, favorisant ainsi le passage à un autre schéma temporel : le 3/3.
Le schéma 3/3 est irrégulier, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de jours fixes dédiés au changement du cathéter.
« Donc je dirais qu’on avait trouvé un modus vivendi mais qui n’était pas optimum, où dans le sens, ou le bus arrive à 17h45 à la maison, il fallait qu’on mette le patch. Comme c’était tous les 3 jours, ça tombait forcément des soirs, donc, du coup, il fallait qu’on mette le patch quand il arrivait à 18h00 donc on ne pouvait poser le cathéter avant 20h00/20h30 au minimum, pour laisser le patch agir. Et donc, du coup, on mangeait à pas d’heure, enfin voilà, donc ce n’était pas très sympathique ». – Mme Ma
Comme le met en exergue Mme Ma, ce schéma a pour principal inconvénient de ne pas toujours permettre de faire coïncider le changement de cathéter avec un jour de repos. La vie familiale s’en trouve d’autant plus bouleversée, que l’utilisation de l’anesthésiant local rallonge considérablement le temps dédié au changement du cathéter. Si l’opération s’en trouve facilitée, le patch anesthésique doit être appliqué entre 1h et 2h avant le changement du cathéter.
Toutefois, ce schéma ne serait pas adopté s’il ne présentait pas quelques avantages. D’abord, il permet d’optimiser la durabilité de chaque cathéter tout en respectant les recommandations d’usage. Ensuite, ce schéma se caractérise par sa grande flexibilité. Un décollement précoce ou un arrachage du cathéter ne bouleverse pas outre mesure l’agenda familial.
L’étude des usages associés aux précédents cathéters utilisés par les enfants atteints de diabète a permis de montrer que :
- Le protocole de pose des cathéters est exemplaire, il suit parfaitement les recommandations médicales associées à la désinfection, la rotation du site d’insertion et au contrôle de la glycémie.
- La douleur associée à la pose du cathéter est mal supportée par les enfants les plus jeunes et semble exacerbée par l’utilisation de cathéters tangentiels. L’utilisation d’un patch anesthésique permet de réduire la douleur, mais allonge considérablement le temps dédié à la pose du cathéter.
- Le changement du réservoir est fait en même temps que le changement du cathéter. Celui-ci peut être fait selon 3 schémas temporels. Les schémas 3/2/2 et 3/4 permettent de changer de cathéter lors de jours fixes et le schéma 3/3 permet une plus grande flexibilité.
- Bien que la qualité de vie des enfants atteints de diabète soit primordiale, il ne faut pas oublier l’impact de cette maladie sur leurs parents qui sont aussi leurs principaux aidants familiaux.
Le cathéter ME
Sur les 10 patients ayant essayé le cathéter ME pendant 1 mois, le cathéter a bien fonctionné pour 8 enfants et n’a pas fonctionné pour 2 d’entre-deux. Chez les 8 enfants pour lesquels le cathéter a bien fonctionné, 6 ont déclaré l’utiliser 7 jours et 2 l’utiliser plutôt 5 jours.
Durée d’utilisation de 7 jours
Les 6 personnes pour lesquelles le cathéter ME a duré 7 jours sont certainement celles qui l’apprécient le plus. Par-delà la diminution de la fréquence des changements de cathéter, c’est la régularité de leur changement qui est appréciée.
« Et puis, c’est beaucoup plus pratique pour nous, parce qu’en termes de charge mentale, on n’a pas, à chaque fois, à se dire bon alors cette semaine, c’est tel jours, parce qu’en fait comme c’’était tous les 3 jours, ça ne tombait jamais le même jour de la semaine. Donc il fallait toujours y penser, fallait toujours le cocher dans l’agenda, etc… Et puis, on était obligé de faire ça, les soirs quand il revenait du collège, donc c’était plus compliqué. Là maintenant, on se dit on fait ça le samedi, tranquillement, l’après-midi, quand on est détendu ». – Mme Ma
Ce point ressort particulièrement de l’entretien effectué avec Mme Ma qui changeait le cathéter de son fils tous les 3 jours. Comme nous l’avons vu, ce schéma suppose que les changements de cathéter peuvent être faits à n’importe quel moment de la semaine. Outre la difficile conciliation avec l’agenda familial, l’absence de jours dédiés au changement du cathéter l’obligeait à s’organiser chaque semaine différemment ce qui participait à l’alourdissement de sa charge mentale. Avec le cathéter ME, Mme MA sait qu’elle doit changer le cathéter tous les samedis, un jour pendant lequel elle ne travaille pas et son fils n’est pas à l’école. La pose du cathéter en est facilitée, sa charge mentale en est diminuée.
Fille : « Déjà, il dure plus longtemps donc c’est plus simple, par exemple, si je dois aller au lycée ou si je dois faire d’autres trucs dans la semaine et que je dois absolument en changer, là, je n’ai pas besoin de le changer tous les 3 jours, s’il n’y a pas de problème. »
Mme Dia : « Déjà, ça lui permet de changer le week-end et pas sur la semaine, où elle était au lycée (…) elle peut faire ça posément à la maison sans être obligée de se trouver soit un coin, enfin de demander pour aller le changer ! »
La fille de Mme Dia est interne dans un lycée. Avant de porter le cathéter ME, elle devait procéder au changement de son cathéter dans l’enceinte du lycée au moins une fois par semaine, parfois dans des conditions pénibles. Le cathéter ME lui permet de ne plus avoir à effectuer ces changements difficiles, et à n’en faire plus qu’un par semaine à son domicile.
Durée d’utilisation de 5 jours
De façon générale, l’ensemble des participants estime que le cathéter ME adhère bien à la peau.
« Ah oui, alors écoutez, en plus, nous on est tombé sur, je pense, comme tout le monde, une semaine du 38° voir 40° donc nous c’était piscine et là, pour nous, c’était bon parce qu’on voulait savoir si ça allait tenir le choc. Et franchement, la première semaine, mais niquel. Mais enfin, il a fait de la piscine toutes les après-midis, il y avait trampoline, trottinette, ça ne s’est même pas décollé ». – Mme D
Comme le met en exergue le témoignage de Mme Dia et de sa fille, le cathéter ME semble bien adhérer à la peau, même en cas de fortes de chaleur, ou d’activités aquatiques. Les changements « précoces » de cathéter ne sont pas associés à une adhérence défectueuse du cathéter, mais à une mauvaise diffusion de l’insuline en cas de fortes chaleur.
« Sur une semaine du vendredi au vendredi, là, arrivé le mercredi ou le jeudi matin, ça commence à augmenter (…) Bah tu tapes dans les 300 quand même ! Il y en a certaines [hyperglycémies], c’est des belles remontées ». –Mme To
« En fait, on s’est rendu compte que le cathéter 7 jours, il ne dure pas vraiment 7 jours, il a tendance à trop monter, au bout du 5ème jour, ça commence un peu à monter en glycémie en fait ». – Mme Il
Mme To et Mme Il ont remarqué qu’au bout du 5e jour d’utilisation, leurs enfants étaient régulièrement en hyperglycémie et qu’il était particulièrement difficile, voire impossible, de faire descendre leur glycémie sans procéder au changement du cathéter. Bien que le fait de devoir changer moins souvent de cathéter soit apprécié, ce changement « précoce » de cathéter ne permet pas à ses utilisateurs de prévoir de jours de changement fixes. Ils perdent ainsi une part importante des bénéfices potentiellement associés au cathéter ME.
Nouvelle durée d’utilisation du cathéter ME et réservoir
Comme nous l’avons vu précédemment, l’ensemble des parents changeait le réservoir de la pompe à insuline en même temps que le cathéter. Cela ne posait pas de problème, même pour les enfants les plus consommateurs en insuline dont le réservoir tenait sans problème 3, voire 4 jours. Les parents des enfants consommant le plus d’insuline et chez qui le cathéter ME tient 7 jours, s’heurtent pour la première fois aux contraintes spécifiques associées au changement du réservoir de leur pompe.
« Oui, oui, il dure carrément 7 jours. Puis comme je disais, c’est juste le problème de remplissage du réservoir d’insuline [que je dois remplir 2 fois par semaine] ». – M. P
Comme l’illustre le verbatim de M. P, le remplissage du réservoir fait maintenant l’objet d’une opération spécifique, partiellement décorrélé du changement du cathéter. Pour autant, cette nouvelle « contrainte » est généralement considérée comme mineure, du fait de sa simplicité ainsi que de sa rapidité.
Le cathéter ME : facile et rapide
Le cathéter ME est généralement considéré comme facile et rapide à poser.
« Alors là, c’était pareil, comme on connaissait les autres Mio™ [Advance] d’avant, quand on nous l’a présenté, tout ce que l’on a vu de changer, c’était la couleur, ils sont bleus, bon, ils sont jolis. Mais bon, la pose, c’est exactement la même que celle qu’on connaissait avant avec les autres Mio™ [Advance] qu’on utilisait donc ça, tout de suite, il a été capable de les mettre tout seul ». – Mme El
Pour Mme El, comme pour la plupart des anciens utilisateurs du cathéter droit Mio™ Advance, la pose du cathéter ME est similaire à celle de leur ancien cathéter. Il en résulte que son fils âgé de 10 ans a su, sans difficulté, se réapproprier la pose du cathéter et rester autonome.
En revanche, pour les anciens utilisateurs de cathéters tangentiels, le passage au cathéter ME – comme certainement à n’importe quel autre cathéter droit – constitue une véritable révolution.
« Au niveau de la pose, d’une part, il n’y a pas de douleur, il n’y a pas besoin de patch. On n’a pas besoin d’attendre 1h ou 30min avant de faire la pose et elle se le fait toute seule ». – M. R
« Voilà, vu que l’aiguille, elle n’est pas hyper longue en plus. Ça fait moins mal qu’un cathéter Silhouette™ et ça fait moins de gruyère quoi ! » – Mme To.
Pour M. R et Mme To, le changement de type de cathéter se traduit par une diminution de la douleur lors de la pose d’une part et par une plus grande facilité de pose d’autre part. La diminution de la douleur permet d’abandonner la pose d’anesthésiant local, ce qui se traduit par un gain de temps considérable lors de chaque changement de cathéter. La facilité de la pose a permis au fils de M.R, âgé de 7 ans, de procéder lui-même au changement du cathéter. Cette autonomie nouvellement acquise lui permet de se réapproprier sa maladie, ainsi que de diminuer un peu plus la charge mentale de ses parents.
- Le cathéter ME a fonctionné chez 8 des 10 participants.
- Pour 6 d’entre eux, l’utilisation du même cathéter pendant 7 jours permet notamment de prévoir son changement lors d’un jour fixe pendant lequel les enfants et les parents sont disponibles.
- Pour 2 d’entre eux, le changement précoce du cathéter n’est généralement pas dû à un problème d’adhérence, mais à un problème de diffusion de l’insuline en période de fortes chaleurs. Bien que le changement de cathéter ne tombe plus sur des jours fixes dans ce cas, son utilisation prolongée est appréciée.
- L’allongement de la durée d’utilisation du cathéter oblige certains enfants et parents à procéder à un changement de réservoir de la pompe à insuline au cours des 7 jours. Cette contrainte est vécue comme minime.
- Le cathéter ME est considéré comme simple d’utilisation. Sa pose est similaire à celle des autres cathéters droits (Mio™ Advance).
- Le passage à ce type de cathéter est vécu comme une véritable révolution pour les personnes utilisant précédemment un cathéter tangentiel.
Tolérance du cathéter ME
De façon générale, le cathéter ME semble plutôt bien toléré.
« Bah là, c’était une grande surprise pour moi et pour mon fils aussi, car on a installé pour 15 jours, j’ai pensé qu’au début que je l’avais installé, j’ai pensé que quand je vais l’enlever, il y aurait des irritations, mais rien. Il est passé très bien, il est de bonne qualité pour la peau et sans irritation ». – Mme Na
Comme l’illustre le témoigne de Mme Na, l’allongement de la durée d’utilisation ne semble pas induire de problème de peau supplémentaire. Aucun des enfants ayant bénéficié de ce dispositif n’a déclaré d’infection ou de lipodystrophie.
À noter quelques cas d’hyperglycémies, dont un avec acétone, résolus par un changement précoce de cathéter, ont été signalés. Il pourrait s’agir « d’occlusions silencieuses ». En effet, aucune alarme d’occlusion ne s’est déclenchée et les participants n’ont rien remarqué d’anormal sur le cathéter.
Enfin, il faut souligner que le cathéter ME n’a pas fonctionné pour deux enfants.
« Le premier jour ça allait et jours après ça allait pas. J’avais dû le changer. Il était en hyper, il avait de l’acétone alors que ça lui arrivait jamais (…) Après c’est un cathé qui est pas en tangentiel, qui va tout droit et à l’époque j’avais déjà essayé ce genre de cathé, ça n’allait pas. (..)». – Mme Lh
Pour Mme Lh, l’utilisation de ce cathéter est responsable de l’hyperglycémie importante de son fils. Elle attribue ce mauvais fonctionnement au passage d’un cathéter tangentiel à un cathéter droit. Son témoignage suppose qu’une attention particulière doit être portée aux enfants changeant de type de cathéter, en particulier lors du passage d’un cathéter tangentiel à un cathéter droit.
« Oui, je pense que l’on va quand même réessayer. Avec nous, parce que là, on n’a pas vraiment pu superviser, on s’est un peu emballé, on a dit à « super tu pars en vacances chez mamie, tu vas emmener les cathéters qui durent 7 jours ». Sauf qu’ils n’ont pas duré 7 jours et puis, je me suis rendu compte que la maman de mon conjoint, elle n’a pas changé la tubulure. Alors, je ne sais pas si ça a un impact, mais à chaque fois qu’il posait un nouveau Extended, ça durait 2 jours et après, il fallait le rechanger encore parce qu’en fait, les courbes, elles montaient, enfin ça ne passait plus, l’insuline passait toujours, mais mal ». – Mme El
Chez le fils de Mme El, les cathéters ME utilisés ne duraient pas plus de deux jours et étaient associés à d’importantes montées glycémiques. Ce mauvais fonctionnement peut être attribuable à un défaut de manipulation de la belle-mère de Mme El qui ne changeait pas la tubulure lors du remplacement du cathéter. Il est également possible que, comme pour le fils de Mme Lh, le cathéter ME ne soit pas adapté à sa morphologie. En effet, il utilisait précédemment un cathéter tangentiel.
- Le cathéter ME est généralement bien toléré
- Une attention particulière doit être portée aux variations glycémiques. En cas de montée glycémique incontrôlable et inexpliquée, il peut être judicieux de procéder à un changement précoce de cathéter.
- Il est possible que le cathéter ME – et plus généralement tous les cathéters droits – ne convienne pas à certains enfants. Une attention particulière doit être portée à ceux utilisant un cathéter tangentiel, à plus forte raison en cas d’essai non concluant avec un cathéter droit.
Conclusion
Avec une durée d’utilisation annoncée jusqu’à 7 jours, le cathéter ME est susceptible d’avoir un impact positif important sur la qualité de vie des personnes diabétiques de type 1 (enfants avec leurs parents et adultes) utilisant une pompe à insuline avec cathéter. Même lorsque le cathéter ME ne tient pas 7 jours, il permet de diminuer la fréquence de changement des cathéters et, par extension, la charge mentale et le fardeau de la maladie associés au diabète. Il convient cependant de préciser que cette durée d’utilisation de 7 jours correspond à la durée maximale recommandée. Il en résulte que pour certains cathéters et pour certaines personnes la durée d’utilisation peut être moindre. Dans ce cas, le bénéfice « se limite » à un changement de cathéter moins fréquent.
Ce cathéter est également considéré comme rapide, facile et « confortable » à poser et paraît bien toléré. S’il ne se distingue pas vraiment des cathéters droits avec inserteur intégré pour l’insertion, le passage d’un cathéter tangentiel au cathéter ME peut constituer une véritable (r)évolution pour les enfants et leurs parents notamment. La diminution de la douleur lors de l’insertion permet de limiter, voire d’abandonner l’utilisation de patch anesthésiant, ce qui diminue fortement le temps de pose des cathéters. Il semble également plus simple pour les enfants de se réapproprier la pose du cathéter et d’être capable de le faire de façon autonome. Toutefois, pour les enfants, le passage d’un cathéter tangentiel à un cathéter droit – qu’il s’agisse du ME ou d’un autre – doit faire l’objet d’une surveillance particulière. Les deux enfants pour lesquels le cathéter ME ne semble pas avoir fonctionné correctement utilisaient précédemment un cathéter tangentiel. Toujours pour les enfants, un cathéter se renouvelant tous les 7 jours permet de prévoir un jour de changement fixe convenant le plus à l’agenda familial.
Le cathéter ME semble bien toléré par la plupart des utilisateurs. Quelques rares cas de montées glycémiques incontrôlées et inexpliquées, résolus par un changement de précoce de cathéter ont été rapportés. Toutefois, les événements indésirables liés au cathéter ME restent mineurs voire absents dans le discours des participants de l’étude.
Pour toutes ces raisons, le cathéter ME pourrait représenter une avancée considérable pour les patients atteints de diabète, les enfants avec leurs parents comme les adultes, sous insulinothérapie par pompe à insuline avec tubulure.
Auteurs : Nicolas Naïditch, Coline Hehn.
Liens d’intérêts : Cette étude a été financée par Medtronic. Nicolas Naïditch déclare avoir reçu une rémunération et avoir bénéficié d’un hébergement pour sa participation à trois congrès ainsi que pour l’écriture d’un article pour la branche Neurostimulation de l’industriel Medtronic.