Enquête qualitative sur la qualité de vie de personnes et de parents d’enfants diabétiques de type 1 ayant fait l’expérience de la technologie de Boucle Fermée Hybride (BFH) via la pompe à insuline t:slim X2 intégrant la technologie Control-IQ (CIQ) et le Capteur de Glucose en Continu (CGC) Dexcom G6
Le Diabète LAB de la Fédération Française des Diabétiques a réalisé une étude sur l’impact de la technologie de BFH permise par l’activation du Control-IQ (CIQ) de la pompe à insuline t:slim X2 et le capteur de glucose en continu Dexcom G6 sur la qualité de vie des adultes et enfants diabétiques de type 1. Des entretiens ont été réalisés avec 7 adultes bénéficiant du CIQ depuis plus de 3 mois et 3 parents d’enfants diabétiques équipés de cette technologie depuis plus de 2 ans. Les résultats de l’enquête suggèrent que le CIQ est susceptible d’améliorer significativement la qualité de vie des personnes diabétiques insulinodépendantes, et ce quel que soit leur âge.
Tous les enquêtés semblent satisfaits de la t:slim X2 ainsi que du Dexcom G6, ce qui favorise très certainement la confiance qu’ils placent dans l’algorithme qui gère de façon quasi automatique les doses d’insuline injectées, c’est-à-dire le CIQ.
Ce système semble alléger le fardeau de la maladie associé à l’insulinothérapie. L’ensemble des enquêtés adultes rapportent une amélioration de leur équilibre glycémique. Cette amélioration se traduit vraisemblablement par une diminution de la fréquence et de l’intensité des manifestations symptomatiques associées aux hypo et hyperglycémies. Dans la mesure où l’amélioration de l’équilibre glycémique est associée à une réduction des complications associées au diabète, le CIQ semble rassurer les personnes interrogées, qui envisagent avec plus de sérénité leur avenir. Si l’ensemble de ces améliorations sont également rapportées par les parents d’enfants diabétiques, il apparaît que le principal bénéfice du CIQ sur la qualité de vie des enfants insulinodépendants a trait à leur inclusion sociale. Il semble en effet faciliter l’acceptation des enfants dans des structures scolaires et périscolaires qui toutes ne peuvent pas les accueillir dans des conditions optimales.
Les résultats de cette enquête suggèrent que ce système pourrait améliorer de façon significative la qualité de vie des individus qui en bénéficient. En revanche, il est important de rappeler que ce système, comme ceux actuellement évalués chez Diabeloop et Medtronic, n’est pas une « boucle fermée » et encore moins un « pancréas artificiel », mais une boucle fermée hybride qui nécessite – encore – l’implication active de ses utilisateurs.
La prévalence du diabète de type 1 (DT1) chez l’adulte est comprise entre 0,3 % et 0,5 % de la population générale. Sa prévalence est estimée à 0,13 % chez les Français de moins de 15 ans1. Les personnes atteintes de ce type de diabète sont dites insulinodépendantes et doivent, à ce titre, s’injecter de l’insuline régulièrement afin de contrôler leur glycémie.
Celle-ci est cependant parfois mal contrôlée, souvent à cause de facteurs psychologiques et sociaux. Il a notamment été démontré que la peur des hypoglycémies, les contraintes du traitement (fréquence des injections et du contrôle du glucose), des horaires de repas variables, une activité physique imprévue ou encore des difficultés dans la prise du traitement (dose, horaires, etc.) sont souvent responsables d’une diminution du contrôle glycémique2,3. Ces difficultés semblent particulièrement toucher les enfants et les adolescents atteints de DT1. Ces derniers seraient moins de 20 % à maintenir leur HbA1C à moins de 7 %4.
Ces difficultés semblent en partie palliées par les dispositifs intégrant la technologie de Boucle Fermée Hybride (BFH)5–7. Cette technologie permet d’injecter de façon semi-automatique l’insuline délivrée par une pompe à insuline grâce aux données transmises par un Capteur de Glucose en Continu (CGC) préalablement analysées par un algorithme. Parmi les systèmes intégrant la technologie de BFH, le prestataire de santé à domicile Dinno Santé souhaite prochainement commercialiser la pompe t:slim X2 intégrant l’algorithme Control IQ (Tandem Diabetes Care) couplée au Capteur de Glucose en Continu (CGC) Dexcom G6 (Dexcom) (figure 1).
Les études réalisées sur ce système mettent en exergue des résultats prometteurs8–11. Brown et al. (2019) ont montré que l’utilisation de ce système de BFH permettait d’augmenter significativement le temps dans la cible glycémique par rapport à un groupe sans technologie de BFH (71 % vs 59 %) chez 168 patients DT1 âgés de 14 à 71 ans. Breton et al. (2020) ont montré que l’utilisation de ce système permettait également d’augmenter le temps dans la cible glycémique par rapport à un groupe sans technologie de BFH (67 % vs 55 %) dans une étude portant sur 101 enfants DT1 âgés de 6 à 13 ans. Si d’autres études mettent en exergue l’efficacité clinique et de ce système de BFH, peu d’entre elles évaluent les bénéfices de cette technologie sur la qualité de vie de ses utilisateurs. Pourtant, la technologie de BFH est susceptible de diminuer de façon majeure le fardeau psychologique et social associé à l’insulinothérapie et, ce faisant, d’améliorer la qualité de vie des patients et de leurs proches12,13.
Afin de mieux connaître les impacts de ce dispositif sur la qualité de vie des adultes et enfants diabétiques de type 1, l’entreprise Dinno Santé a sollicité le Diabète LAB de la Fédération Française des Diabétiques pour réaliser une enquête qualitative auprès de sept adultes et de trois parents d’enfants diabétiques utilisant ce dispositif depuis plus de trois mois.
Méthodologie
Conception de l’étude
IQUALYLIFE est une enquête qualitative en vie réelle portant sur sept adultes et trois parents d’enfants diabétiques de type 1, équipés du Dexcom G6 couplé à la t:slim X2 intégrant le CIQ depuis plus de trois mois.
Le recrutement des participants a débuté en janvier 2021 et s’est terminé en mars 2021. Cette enquête a été effectuée selon la Méthodologie de référence MR-004, recherches n’impliquant pas la personne humaine, études et évaluations dans le domaine de la santé14.
Sélection des participants
Le protocole de recherche prévoyait initialement le recrutement de sept adultes et de sept parents d’enfants diabétiques de type 1 inclus dans des études cliniques françaises en cours de réalisation. N’ayant pas eu accès aux coordonnées des participants de ces études, le recrutement a été effectué sur des groupes Facebook de personnes utilisant ce système. Il n’a malheureusement pas été possible d’inclure autant de parents d’enfant diabétiques que ce que le prévoyait le protocole de recherche.
Importance du hardware dans l’efficacité du software
Dans la mesure où les systèmes de BFH supposent l’interdépendance entre du software (c’est-à-dire un logiciel, ici le control IQ) et du hardware (c’est-à-dire du matériel, ici la pompe t:slim X2 & le Dexcom G6), il nous paraît tout d’abord important de souligner que l’ensemble des enquêtés s’accordent sur la qualité de la pompe t:slim X2 et du Dexcom G6. La pompe est généralement considérée comme qualitative, pratique et intuitive. Plus que la pompe, c’est surtout la fiabilité du Dexcom G6, dont dépend nécessairement l’efficacité du CIQ, qui est très largement soulignée. La confiance placée dans la fiabilité des mesures du Dexcom G6 semble contribuer à l’appréciation globale du CIQ.
« Pour moi c’est le meilleur. La glycémie c’est la même que le capillaire. Le FreeStyle il y avait un décalage. Le G6 c’est le meilleur ». – Thérèse
« Et en plus il n’y a pas de calibration, c’est le plus fort ça. En plus à chaque fois que je fais une glycémie capillaire, des fois on a des doutes, on va faire une analyse de sang. J’ai toujours été à 0,2 près sur la glycémie capillaire. Je n’ai jamais vu ça ». – Erwin
En plus de sa fiabilité, Erwin apprécie le fait qu’il n’y ait pas de calibration à faire sur le Dexcom G6, contrairement à certains dispositifs de mesure de la glycémie en continu concurrents. La fiabilité ainsi que l’absence de calibration semblent permettre à la plupart des personnes interrogées de diminuer leur recours aux glycémies capillaires, ce qui se traduit vraisemblablement par une réduction du fardeau de la maladie – ainsi qu’une diminution de la consommation de bandelettes pour la glycémie.
Enfin, notons que la connexion entre la pompe et le capteur est elle aussi largement considérée comme fiable et « sans prise de tête ». Cet aspect est important, car pour profiter pleinement du CIQ, il semble nécessaire que les patients acceptent de faire confiance au système.
« Le truc qu’il faut savoir c’est qu’avant de passer au CIQ c’est déjà est-ce qu’on est prêt à faire confiance à l’intelligence du système, est-ce qu’on est prêt à lâcher prise ». – Bruno
Comme l’illustre le verbatim de Bruno, la plupart des enquêtés ont en effet indiqué avoir eu besoin d’un temps d’adaptation, de quelques jours à quelques semaines, pour faire « confiance » au CIQ et ne plus toucher à leur pompe. La qualité ainsi que la fiabilité perçue par les personnes interrogées de ces dispositifs participent largement à la confiance qu’ils placent dans le CIQ et par extension au lâcher prise qu’ils s’autorisent avec le traitement de leur maladie.
Fardeau de la maladie et qualité de vie
La première et principale conséquence du CIQ sur la qualité des vies des personnes qui en bénéficient a trait à la diminution de la charge mentale et aux contraintes associées à l’insulinothérapie, c’est-à-dire le fardeau de la maladie 15. Comme le dit Bruno avec le CIQ « il n’y a plus de prise de tête ou de charge mentale ». La diminution de la charge mentale semble permettre aux enquêtés de se libérer en partie de leur identité de personne diabétique.
« Je me sens plus à l’aise… Presque je partirais en promenade en forêt, presque je ne prendrais pas de sucre en cas d’hypo. J’ai l’impression de presque plus être diabétique. Si on oublie le système, si on n’y pense pas, on est presque comme des personnes normales. On se sent moins malade et moins… On se sent pas diabétique ». – Thérèse
Cette dimension se retrouve également dans le témoignage de Erwin pour qui le CIQ permet de retrouver une certaine liberté, notamment lors des repas qui, jusqu’à présent, rythmaient la temporalité de sa vie.
« À la limite, des fois, j’oublie que je suis diabétique (…) tout en sachant que maintenant je peux manger n’importe quand. Avant il fallait que je respecte des horaires. Il y avait tout cet emploi du temps qu’il fallait gérer par rapport au diabète. Et là, si j’ai pas envie de manger, je ne mange pas. Si on a un retard de repas, c’est le CIQ qui gère une grande partie ». – Erwin
Le témoignage de Patricia est certainement le plus édifiant.
« Ça me permet d’être encore plus sereine dans le fait de penser à autre chose qu’à mon diabète. Dans le fait que je vive pas le diabète, que je ne me définisse pas comme une diabétique. Je suis avant tout soignante, maman, femme et après ça vient le diabète. Sauf que le problème c’est que pour être bien contrôlé avec les systèmes qu’il y a, il faut être diabétique d’abord. Ce système [control IQ] permet d’être plein d’autres choses et un diabète équilibré ». – Patricia
Pour elle, le CIQ permet un véritable renversement de paradigme. Jusqu’à présent, l’allégement du fardeau de la maladie se traduisait par une diminution du contrôle de la glycémie et l’amélioration du contrôle de la glycémie par un alourdissement de ce fardeau. Le CIQ lui permet non seulement de l’alléger, mais aussi d’avoir un meilleur contrôle de sa glycémie.
Amélioration de l’équilibre glycémique et qualité de vie
L’ensemble des personnes interrogées indique que le CIQ leur permet d’avoir un meilleur équilibre glycémique mesuré par le « le temps dans la cible », c’est-à-dire la mesure du temps que les personnes passent dans les limites d’une glycémie équilibrée (70-180 mg/dL)[1]16.
« Oh oui, il y a pas photo. Avant quand j’arrivais à 60 % c’était presque la fête. Maintenant, je tourne quasiment tout le temps autour de 80 % ». – Bruno
Or, l’amélioration du temps dans la cible ne correspond pas seulement à un objectif clinique. Un mauvais contrôle de la glycémie se traduit par des conséquences concrètes sur la qualité de vie des personnes diabétiques de type 1, comme peut en témoigner Pascaline.
« [le CIQ] c’est moins d’hypoglycémies, moins d’hypers. Me sentir mieux dans mon corps, dans ma tête. Parce que c’est hyper handicapant. C’est un meilleur sommeil, ne pas se réveiller en hyper, boire 3 l d’eau et aller aux toilettes ». – Pascaline
Les personnes diabétiques sous insulinothérapie doivent souvent conjuguer avec des hypoglycémies. Les symptômes qui y sont associés sont souvent source d’anxiété et de peur 17 et qu’il est généralement considéré que les hypoglycémies ont un impact majeur sur la qualité de vie des personnes diabétiques. C’est pourquoi la diminution de la fréquence et de l’intensité des hypoglycémies rapportée par les enquêtés à propos du CIQ semble se traduire par une amélioration réelle de leur qualité de vie.
Bien que les hyperglycémies soient pour la plupart asymptomatiques, certaines d’entre elles peuvent être responsables d’une polydipsie (soif intense), d’une polyurie (envie fréquente d’uriner) et dans les cas les plus extrêmes d’un coma acidocétosique 18. Sans aller jusqu’au coma acidocétosique, la diminution de la fréquence et de l’intensité des hyperglycémies, semble participer à l’amélioration de la qualité de vie de plusieurs personnes interrogées.
Plus que la limitation des symptômes associés aux hyperglycémies, le CIQ semble permettre aux personnes interrogées de caresser l’espoir d’une vie exempt des complications associées aux hyperglycémies chroniques dont souffre un grand nombre de personnes atteintes d’un diabète de type 1 19.
Nicolas : Qu’est-ce que ça a changé sur votre qualité de vie le CIQ ?
Pauline : Ça m’a permis de trouver la vie que j’ai toujours espéré avoir quand j’étais une gamine et que je suis devenue diabétique. Je gagne en liberté, en simplicité, je me pose pas la question de… Et puis éviter les complications. Moi mon objectif principal c’est ça… C’est ne pas perdre mes yeux, ne pas perdre mes reins, préserver mon système cardiaque. Donc c’est vraiment ça. Garder des bons résultats avec le moins de soucis possibles et c’est ce que j’ai l’impression d’avoir acquis avec ce système.
Comme l’illustre le verbatim de Pauline, le meilleur contrôle de la glycémie que semble permettre le CIQ la rassure quant à l’évolution de sa maladie. Ceci se traduit vraisemblablement par une diminution du stress, voire de l’angoisse, causés par l’évolution du diabète dans le temps.
Amélioration du sommeil
Enfin, la plupart des personnes interrogées rapportent une amélioration importante de la qualité de leur sommeil.
« Le truc c’est que les hypos ça fatigue et le matin des fois je me réveillais, mais j’avais l’impression de pas avoir dormi. Je me reposais pas vraiment. Il y a des fois ou ma femme a dû me faire des piqûres de glucagon parce que j’étais dans les vapes. Là [depuis le CIQ] j’ai vu des fois le soir j’étais à 2.10 et le matin j’étais à 1.15. La pompe avait tout géré. Je me sens beaucoup plus serein ». – Bruno
Comme le met en exergue le témoignage de Bruno, le CIQ a non seulement permis d’améliorer la qualité de son sommeil et, par extension, d’améliorer ses journées, mais il pourrait également permettre de limiter l’impact qu’ont les hypoglycémies sévères sur les proches des personnes diabétiques. Lorsque celles-ci se manifestent, les proches peuvent avoir besoin de recourir à l’administration de glucagon, ce qui est généralement source de crainte pour eux 20. Les mêmes bénéfices sont rapportés par Pauline.
« Quand j’ai eu mon système de détection d’hypo… Je me levais parce que ça sonnait. Donc toutes les nuits ça sonnait. Donc j’étais réveillée. Donc forcément, la nuit qui permet de se régénérer, de se ressourcer, c’était pas vraiment le cas. Mais ça me gênait moi, mais ça gênait aussi mon mari. Quand ça sonne tout le temps c’est énervant. Ça coupe les nuits. Là avec le Dexcom et la Tslim, le CIQ associé… Maintenant je dors…. Je suis toujours un petit peu réveillée, mais tellement moins qu’avant… Récupérer des vraies nuits ça c’est important aussi ». – Pauline
Comme l’illustre le verbatim de Pauline, le CIQ fait automatiquement ce qu’elle devait faire manuellement avant. Lorsque l’alarme sonnait pour lui indiquer une hypoglycémie, elle ne la contraignait pas seulement elle à se lever, elle réveillait également son conjoint. En préservant le sommeil du couple, il est probable que le CIQ en préserve également l’équilibre.
En définitive et comme l’exprime Francis, « les gens ils se demandent pourquoi ils avaient pas ça [le CIQ] depuis longtemps. Les gens maintenant ils dorment la nuit. Avant ils dormaient pas la nuit ».
[1] Il s’agit d’impressions rapportées par les patients que les études cliniques devront vérifier. Par ailleurs s’ils rapportent tous une amélioration du temps dans la cible, la valeur de l’HbA1C semble peu modifiée par le CIQ.
Importance du hardware dans l’efficacité du software
Tout comme les adultes, les parents d’enfants s’accordent sur la qualité de la pompe t:slim X2 et du Dexcom G6. La pompe est appréciée pour son petit format et surtout son écran tactile qui lui confère un côté « téléphone portable » que paraissent apprécier les enfants. Malgré une interface en anglais, les trois parents considèrent que cette pompe est très intuitive et que leurs enfants ont su s’en saisir sans difficulté. La fiabilité du Dexcom G6 est également évoquée comme point fort du système.
« Bah si vous voulez que je vous dise, c’est la révolution. On a fait plein de capteurs avant et le Dexcom il est complètement corrélé à la glycémie capillaire ». – Corine
« Niveau fiabilité, j’ai confiance, j’ai entièrement confiance. Je… je crois qu’à chaque capteur je dois faire un dextro, ça doit être le tout premier, lorsqu’on le met en marche, pour vérifier que la glycémie est cohérente. Après j’ai une confiance aveugle dans sa fiabilité ». – Rose
Amélioration de la qualité de vie des enfants : l’inclusion sociale
La principale dimension de la qualité de vie améliorée par le CIQ semble avoir trait à l’inclusion sociale et plus particulièrement l’inclusion scolaire et périscolaire des enfants. Comme l’évoque en effet Corine « autant l’éducation nationale a l’obligation d’accueillir des enfants en situation de handicap, autant à titre individuel, ils ont le droit de refuser de prendre les enfants ». Ainsi, 2 des 3 parents évoquent avoir eu des difficultés importantes avec les équipes éducatives lors de la scolarisation post-diagnostic de leur enfant. Bien que la plupart de ces difficultés aient pu être dépassées grâce à un investissement temporel important, les repas et les sorties éducatives restent souvent problématiques.
« Et la cantine, mieux gérer le midi. Parce qu’elle faisait beaucoup de pics, beaucoup d’hyper glycémies. On avait décidé avec le docteur qu’elle ferait 40de glucide quoiqu’elle mange. C’était trop compliqué pour elle de compter et les gens de la cantine pouvaient pas compter. Aujourd’hui on fait 40. Les gens font attention à ce qu’elle mange des glucides pour pallier, mais si elle mange trop… (…) Quand elle montait, après elle était pas bien. Quand vous faites 40 et que c’est des repas de fêtes avec des frites, des Danettes… Là elle est plus sereine (…) La pompe se met en route. L’algorithme se met en jeu et ça redescend. Moi je pense que ça l’a aidé beaucoup sur ça ». – Danielle
Comme l’illustre le témoignage de Danielle, certaines cantines scolaires ne semblent pas permettre aux enfants diabétiques de type 1 d’adapter leur dose d’insuline en fonction de la quantité de glucides ingérée. Pour pallier une partie de ce problème, Danielle et le diabétologue de sa fille ont décidé de faire une injection d’insuline fixe correspondant à 40 grammes de glucides par repas, quel que soit le repas. Or, les repas ne contenant pas tous la même quantité de glucides, sa fille se retrouvait souvent en hyperglycémie après les repas et subissait les symptômes associés. L’activation du CIQ lui a non seulement permis de limiter la fréquence et l’ampleur des hyperglycémies, mais aussi de retrouver une certaine sérénité.
« L’école et le centre de loisirs c’est super. Parce qu’au début [avant le CIQ] quand il y avait des sorties avec le centre de loisirs, ils avaient tendance à ne pas vouloir accepter mon fils. Depuis qu’on a la boucle, il fait des sorties toute la journée avec des copains, sans passage d’une infirmière ou quoi que ce soit ». – Rose
Le verbatim de Rose met également en exergue les bénéfices potentiels du CIQ sur l’inclusion scolaire et périscolaire des enfants diabétiques. La gestion automatique de l’insuline rassure les équipes éducatives et améliore considérablement l’inclusion sociale de son fils.
Amélioration des nuits
Le CIQ semble également permettre d’améliorer les nuits des enfants et des parents d’enfants diabétiques. Cette dimension est certainement plus importante pour les enfants atteints de diabète et leurs parents que pour les adultes. Comme en témoigne en effet Corine, la nuit est un moment critique pour beaucoup de parents d’enfants diabétiques « je vois trop de forum, trop de parents qui se lèvent 2-3 fois la nuit qui galèrent à gérer les hypoglycémies, les hypers et qui ne vivent pas ». Or, le CIQ semble permettre de diminuer les hypos et hyperglycémies nocturnes et ainsi limiter la perturbation du sommeil des enfants et de leurs parents. « Là les nuits sont généralement parfaites. À partir du moment où on a la boucle qui est en fonctionnement, je n’ai plus une seule nuit ou je suis obligé de me lever pour faire quoi que ce soit ». En outre, la limitation des hypos et hyperglycémies est caractéristique d’une amélioration plus globale de l’équilibre glycémique.
« Quand vous passez quelques nuits et que la courbe est complètement plate, c’est plus une courbe d’ailleurs, c’est une ligne. Elle est totalement plate… Toute la nuit, il y a pas un changement, ça gère le plus le moins… Je crois que c’est la nuit vraiment. Ça a changé la vie ». – Danielle
Le verbatim de Danielle met en exergue l’importance de l’amélioration des nuits sur la qualité de vie des enfants diabétiques et de leurs parents. Par ailleurs, son témoignage suggère que le CIQ permet un contrôle particulièrement précis de l’équilibre du diabète[1]. Une courbe plate signifie en effet l’absence de variation glycémique, donc un équilibre « parfait ». Le même bénéfice est relevé par Corine.
« On a eu un petit garçon qui a dormi pendant 5 ans avec nous parce qu’il avait peur de mourir dans son sommeil. Le CIQ on était dans l’espérance de lisser tout ça.. Au début on a beaucoup d’espérance. On s’est vite rendu compte que… Au bout de la première semaine avec la boucle fermée et notamment la nuit qui nous posait tant de problème, qu’on était sur des nuits avec des courbes plates. En 1 semaine on est passé de courbes extrêmement chaotiques à des courbes plates ». – Corine
Son témoignage montre non seulement que le CIQ permet d’améliorer l’équilibre glycémique nocturne, mais aussi et surtout que cela se traduit par une diminution de l’angoisse qui peut être associée au diabète lorsqu’il est mal équilibré – donc symptomatique – chez les jeunes enfants.
Limites du système
- Il nous semble ainsi important de rappeler que les dispositifs en cours d’évaluation (Diabeloop, CIQ et Smart Guard) ne sont pas des « boucles fermées » et encore moins des « pancréas artificiels », mais des boucles fermées hybrides qui nécessitent – encore – l’implication active des personnes qui en bénéficient.
- Si le Dexcom G6 permet d’être couplé à la plupart des objets connectés (smartphones, montres, écrans, etc.), il n’est pas possible de contrôler la pompe depuis ces appareils.
- Quelques difficultés avec les cathéters ont été rapportées (tubulures opaques, cathéters qui se coudent).
- La pompe a besoin d’être rechargée régulièrement via un câble USB. Il est a priori possible d’utiliser une batterie externe.
[1] Qui semble moins important dans les journées qui sont soumises à des variations d’activité physique, d’alimentation, etc.
Conclusion
Les résultats de cette enquête suggèrent que le CIQ pourrait améliorer de façon significative la qualité de vie des adultes et des enfants insulinodépendants ainsi que des parents de ces derniers. Ces résultats sont conformes aux données de la littérature qui suggèrent que les dispositifs de BFH améliorent largement l’équilibre glycémique et la qualité de vie des personnes qui en bénéficient.
Enquêteur : vous avez quelque chose à ajouter, un point qui vous tient à cœur ?
« Moi mon rêve c’est que tous les gens qui sont dans l’attente, parce que nous on est des privilégiés d’avoir le CIQ, tous les gens qui sont sur tandem, G6 et basal IQ leur rêve c’est que le control IQ soit validé cette année ». – Francis
« La seule chose que j’ai à dire, c’est que j’espère que ça va rapidement être accessible au plus grand nombre. C’est la suite, c’est la suite logique. Il faut d’abord que ce système soit accessible au plus grand nombre et ensuite ils vont bien réussir à développer la pompe qui gère tout toute seule ». – Patricia
« Il y a pas mal de diabétologues qui aiment attendre avant de proposer des systèmes assez évolués à des nouveaux diabétiques. Et je trouve ça dommage. Si j’avais eu ce système-là, il y a longtemps, je sais que des problèmes liés au diabète j’en aurais évité quelques uns. En plus de ma gastro-parésie, j’ai une rétinopathie, enfin… ». – Bruno
« Mais que justement, on en revient toujours au même. Que ce soit accessible, pour la sérénité de tous. Que ça soit accessible au plus grand nombre. Qu’on arrête de mettre une barrière qui empêche les gens d’avoir une vie plus facile ». – Danielle
« Tout simplement que j’ai l’impression de revivre depuis que CIQ est avec moi ». – Pauline
Remerciements : Nous souhaitons remercier chaleureusement toutes les personnes ayant accepté de participer à cette enquête. Nous remercions plus particulièrement les administrateurs du groupe Facebook d’avoir accepté de diffuser notre appel à participation. Sans eux, cette étude n’aurait certainement jamais pu aboutir.
Conflits d’intérêts : Cette étude a été financée par Dinno Santé.
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